La nouvelle génération de professeurs de médecine est en colère. La raison est que les décisions du gouvernement relatives à la mise à la retraite de l'ensemble des professeurs de plus de 70 ans n'ont toujours pas été appliquées. Pourtant, l'annonce faite par le Premier ministre lui-même a été suivie d'un arrêté ministériel signé par le désormais ex-ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari. Cet arrêté n°480, dont nous détenons une copie, paraphé le 6 juin dernier, ordonne aux directeurs de la santé des 48 wilayas et aux directeurs des hôpitaux, des CHU et des établissements de santé de proximité (EPSP) de procéder à la mise à la retraite de tout praticien dont l'âge, au 31 décembre 2012, dépasse les 60 ans. «Cette instruction a été envoyée à l'ensemble des responsables concernés par son application. Mais jusqu'à présent, rien de concret n'a été fait. Comment peut-on refuser d'appliquer une décision ministérielle qui traduit une orientation du gouvernement visant à revaloriser les compétences et à donner sa chance, comme le disait le Premier ministre, à la nouvelle génération de professeurs ?», se demande un professeur rencontré à Alger, qui ne cache pas son désarroi et sa déception du système de santé actuel. Pour des professionnels du secteur, il y aurait derrière ce blocage «un puissant lobby» de professeurs dont la nomination remonte au décret de 1970. «Ces professeurs, bien qu'âgés, ne veulent apparemment pas céder leur place à leurs anciens étudiants, même s'ils sont aussi brillants et doués qu'eux», ajoute la même source, qui regrette que des décisions d'une telle importance ne soient pas appliquées rigoureusement sur le terrain. Certains observateurs relèvent une forme de «violation» du statut de la Fonction publique où les fonctionnaires sont soumis à un régime de traitement plutôt discrétionnaire. «Il y a deux poids deux mesures dans le système en vigueur. Des mesures s'appliquent pour certains et pas pour d'autres. Et ce, en dépit des instructions claires du Premier ministre», poursuit notre source. Le blocage, précise une autre source contactée par nos soins, se situe également au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur. Car les professeurs de médecine ont le double statut d'enseignant et de médecin. La non-application de cette décision – saluée par les différents syndicats représentant les professionnels de la santé – est vécue comme une injustice par de nombreux professeurs de la nouvelle génération. Sur le terrain, une centaine de postes de chefferie de service, occupés par des septuagénaires, ne sont pas libérés pour être ouverts au prochain concours qui devrait avoir lieu avant la fin de l'année. Ce concours a été programmé, faut-il le préciser, en mai dernier. Mais en raison de nombreuses contestations de professeurs et maîtres assistants, le ministère de la Santé l'a reporté sine die. De nombreux professeurs comptent sur l'arrivée d'un nouveau ministre à la tête du secteur pour reposer à nouveau le «sérieux handicap» et «frein» à leur carrière professionnelle. L'espoir va-t-il renaître avec le nouveau ministre de la Santé ? Les décisions prises seront-elles suivies d'effet ? On le saura dans les prochaines semaines.