Le palmier est devenu «l'arbre fétiche» de la ville d'Oran. Cela a incité la municipalité de lancer le projet de lui aménager tout un jardin. Le palmier connaît à Oran un engouement tout particulier, qui a incité la municipalité à lui dédier tout un jardin. L'aménagement de ce jardin est en fait inspiré de la célèbre palmeraie d'Elche dans la banlieue d'Alicante. Une palmeraie classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, et qui a «subjugué» plus d'un élu local qui s'y était rendu. En vérité, les responsables locaux, pressés par la tutelle pour la réception du site et de passer à la prochaine étape, en l'occurrence la réalisation d'un dream park par un investisseur privé, ont donc décidé de gagner du temps et de planter carrément des sujets adultes. «Ce qui rend l'opération très onéreuse mais aussi très risquée au regard des conditions climatiques et pédologiques», aux dires d'un paysagiste. Sidi M'Hamed se situe dans le prolongement du front de mer sur le couloir le plus venteux et le plus froid de la ville. Il reçoit de plein fouet le puissant vent d'ouest qui peut souffler sans interruption jusqu'à 15 jours. «Les palmiers risquent d'être secoués comme des cocotiers», nous dira notre paysagiste. Cet avis n'est pas partagé par la directrice d'Oran-Vert en charge de la réalisation du jardin. «Les palmiers tiendront», nous dira-t-elle, une réponse péremptoire qui trouve toute sa justification dans les dimensions des trous de plantations réalisés, «pas moins de 9 m3», nous dira-t-elle. Le problème c'est que justement le palmier ne développe pas de racines d'ancrage. «Le système racinaire du palmier est un petit chevelu qui part d'un bulbe situé sous le stipe», nous dira un spécialiste de la biologie végétale de l'université d'Oran. «Il n'y avait donc pas nécessité de creuser autant pour l'ancrage de l'arbre», renchérira le paysagiste. Qu'à cela ne tienne, et à Oran-Vert, on préfère avoir deux précautions plutôt qu'une. «Tous les palmiers seront donc solidement haubanés». Le problème c'est qu'avec des perches et autres mâts, le paysage en «3D» de l'étude de présentation risque fort de n'être qu'une image, certes belle mais virtuelle seulement. Aussi, le haubanage se voudrait le plus discret possible et plutôt que d'avoir une forêt de perche, les responsables du projet ont opté pour des harnais en câbles d'acier, qui viendraient emprisonner les stipes et seront fixés au sol. Un système inspiré probablement des immenses antennes de télécommunications qui pullulent sur les toits de la ville. Sauf que «l'écorce du palmier est faite de fibres et le risque de cisaillement est bien réel», nous dira-t-on. «De toutes les manières, cela ne fixera pas l'arbre au sol», nous dira notre paysagiste. En fait, pour stabiliser l'arbre au sol, il aurait était plus intéressant d'installer des lanières autour de la motte qui entourait les racines et de les fixer au fond du trou de plantation. Cela est, dit-on, «la méthode la plus économique et la plus efficace, le reste n'est que du bricolage». A Oran-Vert, on avoue facilement «que l'on apprend». Mais il faut dire que cette phase d'apprentissage coûte un peu trop cher aux contribuables. D'autant plus que, selon quelques indiscrétions, certains de ces palmiers centenaires auraient coûté quelque 300 000 DA pièce. Ce qui peut choquer plus d'un. Il aurait certainement été plus intéressant pour les finances publiques et l'apprentissage d'Oran-Vert de déplanter les palmiers tout aussi centenaires qui encombrent les chaussées d'El Barki et qui seront, de toute façon, rasés un jour ou l'autre.