Pourquoi le président Bouteflika entretient-il le doute sur son avenir politique alors que le temps lui est compté avec l'élection présidentielle qui approche à grands pas ? Six mois nous séparent de cette importante échéance électorale et Bouteflika ne juge pas encore le moment venu de trancher, dans un sens ou un autre, ce débat qui part dans tous les sens à cause justement de cette grande inconnue qui plombe l'équation de la prochaine présidentielle. Il y a quelques mois, avant la survenue de son AVC, la problématique se résumait à cette interrogation qui relève presque du secret d'Etat : partira, partira pas ? L'absence de visibilité politique n'autorisait que des conjectures renvoyant dos à dos toutes les prophéties. Ce débat cornélien semblait avoir pris fin avec les récents ennuis de santé de Bouteflika, suivis de sa longue convalescence qui n'est pas totalement terminée jusqu'à aujourd'hui. En fait, Il y eut deux temps dans cet épisode, qui est venu brouiller toutes les cartes et parasiter les plans de Bouteflika et de son entourage, mais aussi, plus globalement, de toute la classe politique. Les premiers jours de son transfert à Paris pour suivi médical ont donné lieu à des informations les plus alarmistes. Et après, son retour au pays. Les premières images du Président diffusées par la télévision algérienne à partir de son hôpital parisien ont achevé de convaincre ses soutiens les plus zélés que le destin politique de Bouteflika est scellé et définitivement scellé. D'ailleurs, les opportunistes de métier, qui se targuaient de compter parmi ses soutiens, groggy par ce retournement de situation que personne n'avait envisagé, ont brillé par leur silence, ne sachant pas quelle attitude adoptée. Les apparitions, ces derniers jours, de Bouteflika à la télévision le montrant dans des dispositions physiques en apparence plus avenantes et le flot de communiqués émanant de la présidence de la République qui ont rythmé la vie institutionnelle depuis son retour au pays pour accréditer l'idée d'une normalisation du fonctionnement de l'institution présidentielle furent interprétés par la clientèle du pouvoir comme le signe évident d'une rédemption de Bouteflika. Les événements qui suivirent, tels que le changement du gouvernement qui a vu des postes de souveraineté comme l'Intérieur, la Justice et l'Information confiés à des fidèles parmi les fidèles de Bouteflika, consolidés par la nomination d'un autre proche au poste de président du Conseil constitutionnel, en l'occurrence Mourad Medelci, ont levé auprès des supporters du président de la République les derniers doutes quant à l'option d'un quatrième mandat. D'ailleurs, les réseaux qui lui sont affiliés, le FLN en tête, n'ont pas tardé à se mettre en ordre de bataille électorale. Les changements opérés au sein de l'institution militaire plaident en faveur de Bouteflika, présenté par ses soutiens comme un homme qui tient bien le gouvernail et ne craint pas de secouer le cocotier en s'attaquant à des citadelles réputées imprenables. Objectivement, tous ces événements qui s'enchaînent avec un timing maîtrisé ne peuvent pas tromper quant aux arrière-pensées politiques. Bouteflika aime jouer sur le registre du suspense et du héros positif en entrant en scène sous les ovations du public. Il affectionne de se faire désirer. Même si c'est lui qui commande la musique et la partition. Le pouvoir réel a-t-il changé de main ?