S'il ne fait pas l'ombre d'un doute que Djaballah sera candidat, au MSP, la nuit du doute se prolonge… Comme à chaque rendez-vous électoral, la donne islamiste est toujours prise en considération dans les calculs des uns et des autres. La présidentielle d'avril n'y fait pas exception. Elle confirme plutôt la règle qui veut que l'on s'interroge souvent sur la direction que prendront les voix des islamistes. En 1999, Bouteflika avait réussi à rallier à sa cause deux partis de cette mouvance, en l'occurrence le MSP et Ennahda. Peut-il rééditer cet exploit ? Cela relève assurément de la gageure, tant les données ont complètement changé. Bouteflika ne se présentera plus dans ses beaux atours de “candidat du consensus”. Il est même le candidat à abattre, objet de tirs croisés des acteurs politiques. Ensuite, il y a le fait que Abdallah Djaballah, dont le parti le MRN a été propulsé, à la faveur des deux derniers scrutins, à la position de troisième force politique du pays, est quasiment en course pour la présidentielle. Bombant déjà le torse avec le poids de son mouvement à l'APN, le cheikh est réconforté dans sa position, par la déclaration du général major Mohamed Lamari, au journal Al Ahram dans laquelle il estimait que l'armée allait respecter le verdict des urnes quel que soit le candidat élu, “fût-il Djaballah !”. Le propos du chef d'état-major des armées est donc allé droit au cœur de Djaballah qui se voit déjà dans la peau d'un présidentiable. Et il le fera savoir durant tous ses meetings à travers le pays. Preuve en est qu'il s'est porté candidat par anticipation en juin dernier, quand il déclarait que son mouvement serait l'alternative au programme de Bouteflika. Il ne fait donc plus l'ombre d'un doute que Djaballah sera plébiscité jeudi prochain candidat du MRN, au terme de la réunion de son majliss echoura (conseil consultatif). Et c'est un réservoir électoral substantiel qui échappera aux autres prétendants, notamment au président sortant, du moins pour le premier tour. Pour le MSP, les données sont tout autres et le choix est des plus douloureux. Renouveler le soutien à Bouteflika comme en 1999 ou présenter un candidat du mouvement qui ne serait autre que Bouguerra Soltani ? Le dilemme cornélien déchire l'état-major du parti de feu Mahfoud Nahnah qui a bien du mal à clarifier la conduite à tenir et à retenir l'option idoine de participation à l'élection présidentielle. Les “durs” emmenés par le duo Soltani-Mokri ne cachent pas leur préférence pour une candidature interne, “ce qui est plus logique” pour reprendre l'expression du dernier. D'autres poids lourds à l'image de Omar Ghoul, penchent, eux, pour la réédition du scénario de 1999 avec Bouteflika. L'enjeu fondamental pour ce parti est d'assurer sa présence dans les institutions dans le cadre de sa politique de “participation” chère à Nahnah. L'on craint, en effet, de subir “un balayage” du gouvernement si jamais Bouteflika venait à être réélu sans le soutien du MSP. En revanche, ce parti islamiste sait que le régime récompense bien ses serviteurs et qu'il aurait droit à des strapontins s'il fait le bon choix. Autant dire que l'on s'achemine droit vers un renouvellement du bail du MSP à Bouteflika, en ce sens que le souci majeur de ce parti est moins de sonder son audience sur le terrain que de calculer les dividendes politiques à tirer d'un alignement qui prend l'allure d'un coup de poker. H. M.