C'est officiel. A partir d'aujourd'hui, le complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar (Annaba) est contrôlé majoritairement, à hauteur de 51% des actions, par l'Etat algérien à travers le groupe public Sider (46%) et le Fonds national d'investissement (FNI) 5%. Le partenaire étranger détient le reste des actions, soit 49%. Le dossier a été validé, hier, par le Conseil des participations de l'Etat (CPE) à la faveur d'une réunion présidée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. L'information a été confirmée, à El Watan, par Smaïl Kouadria, le député du Parti des travailleurs (PT) et ancien secrétaire général du syndicat de l'entreprise : «C'est officiel. Le dossier de la reprise du contrôle de l'usine d'El Hadjar, détenue à 70% depuis 2001 par le géant mondial de l'acier ArcelorMittal, a été validé. Désormais, c'est le groupe public Sider et le FNI qui contrôlent le complexe avec un total de 51% des actifs du complexe et le reste par le partenaire étranger.» A cette réunion ont pris part, outre les actionnaires d'ArcelorMittal Annaba (AMA), plusieurs ministres, dont celui du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement, Amara Benyounès, qui, à sa première présence au CPE, a récolté les fruits de son prédécesseur, Cherif Rahmani, initiateur de cette opération. Révélée en exclusivité par El Watan en février dernier, la transaction de la renationalisation du complexe sidérurgique d'El Hadjar a été donc conclue. Contactée, une source proche de la direction générale d'ArcelorMittal Annaba a confirmé l'information. Selon le présent au CPE, cette opération, une première en Algérie, prévoit une recapitalisation d'ArcelorMittal Annaba, dont la majorité est au profit de l'Etat algérien. Sur le plan financier, le capital de la société connaîtra une importante augmentation. En effet, il a été convenu entre les deux parties que, toujours selon le même document, le groupe Sider versera 100 millions de dollars et ArcelorMittal 56 millions de dollars dans le capital de la société qui est actuellement à 150 millions de dollars. Soit un total de 306 millions de dollars. Quant au plan de développement, il sera financé par l'apport de 700 millions de dollars via un crédit bancaire auprès de la BEA sur la base d'un échéancier et en fonction de l'avancement du plan industriel 2014/2017. En 2017, le complexe sera en pleine capacité de production et atteindra 2,2 millions de tonnes d'acier. Sur le plan managérial, le même document fait état d'une réorganisation totale. «Le conseil d'administration (CA) sera présidé par un Algérien avec attribution de sélectionner les propositions d'ArcelorMittal en matière de management. Il a la charge de sélectionner les administrateurs et le staff dirigeant du complexe, dont le directeur général (DG) et le directeur des ressources humaines (DRH)», est-il mentionné sur cette feuille route. Pour Smaïl Kouadria, «cette opération qui a été concrétisée est un élément capital dans la stratégie sidérurgique en Algérie. D'autant plus que les besoins en acier en Algérie sont estimés à 5 millions de tonnes en 2020 et 8 millions de tonnes en 2030». Cependant, la concrétisation du plan d'investissement après la renationalisation d'ArcelorMittal El Hadjar est tributaire d'un volet social stable. A ce propos, Smaïl Kouadria est satisfait après la signature d'un pacte de stabilité social (PSS) par le syndicat et la direction générale de l'usine qui permettra d'obtenir la confiance et l'engagement des deux partenaires. Ce qui est prévu dans ce dossier est, selon toujours la même source : «Le maintien absolu des effectifs, la mise en place d'une équipe en privilégiant la compétence, le talent et l'engagement sont entre autres les conditions assurant la stabilité du complexe.» Mieux encore, il est prévu également l'introduction de deux administrateurs de droit représentant le comité de participation ayant un droit de regard sur la gestion de la société, tel que stipulé par la loi 90/11 régissant les relations de travail et le code du commerce. A cela, il faut ajouter la mise en place d'une nouvelle convention collective qui cadre avec le nouveau statut de la société et enfin l'institution d'une prime d'intéressement et participation au bénéfice estimée entre 10 et 15%.