Les examens n'ont pas eu lieu, hier, au campus central de l'université de Constantine. La détermination des enseignants grévistes a triomphé contre la surdité de l'administration qui perd une bataille après avoir tenté la division du CNES et ensuite la pression à travers la neutralisation de ses animateurs. Le CNES a d'ailleurs été remplacé par l'assemblée générale ouverte qui devient la représentation légitime du mouvement des enseignants. Ainsi en a voulu la base qui fait preuve, à Constantine, d'une solidarité et d'une mobilisation sans précédent mettant à mal le rectorat et sa tutelle. Même le jeu de coulisses, auquel s'est prêtée l'administration pour annuler la suspension du coordinateur local contre le retour aux amphis des enseignants, n'a pas fonctionné et tourne au ridicule à cause de la course entre le recteur et le ministre pour tirer profit de cette carte. Hier, la quasi-majorité des contrôles de deuxième semestre ont été donc annulés. Quelque 250 enseignants grévistes ont tenu ensuite, en début d'après-midi, une assemblée générale à l'amphithéâtre du campus Tidjani Haddam. Le coordinateur Khaled Bessila a commencé par rendre compte des contacts qu'il a eus avec le rectorat et du désormais ex-coordinateur national, Ali Boukaroura, auquel la base à Constantine a retiré à l'unanimité sa confiance . En réaction, les enseignants présents ont réitéré leur condition d'annulation de la suspension de Bessila comme préalable à toute négociation. Ensuite, et après avoir écouté un compte rendu sur l'intervention du ministre de l'Enseignement supérieur sur les ondes de la radio, des intervenants l'ont qualifié de non-événement. « Le ministre a parlé mais n'a rien dit », dira l'un d'eux. Un autre a tenu à faire cette précision en disant que « les enseignants ne sont pas en train de demander l'augmentation des salaires. Ils demandent un statut, et celui-là est fin prêt. Il faut qu'il passe dans les plus brefs délais à l'APN pour être appliqué à la prochaine rentrée sociale ». Au sujet de la suggestion du ministre de recourir à un médiateur dans ce conflit, les enseignants croyant saisir à demi- mot, ont rejeté spontanément l'idée d'intervention de Sidi Saïd et de l'UGTA. Par ailleurs, et prenant conscience de la difficulté et du caractère décisif de la conjoncture, beaucoup ont insisté sur l'organisation de l'action pour éviter l'essoufflement du mouvement. D'ailleurs, et dès aujourd'hui, des visites aux autres campus sont prévues afin de soutenir et amener les enseignants isolés à rejoindre la grève. D'autres missions sont envisagées pour avoir l'adhésion des wilayas limitrophes, à l'image de Annaba et d'Oum El Bouaghi, alors qu'on annonce des tractations pour la tenue d'un conseil national extraordinaire avant le week-end à la demande des sections de Constantine et de Sidi Bel Abbès.