Pedro Almodovar, figure symbolique de la Movida - ce mouvement socio-culturel surgit à Madrid après le retour en 1980 de la démocratie - revient à Cannes avec Volver, un autre constat de la vie madrilène dans le décor des quartiers chauds. Avec une faune vivant au jour le jour et des femmes affrontant une vie sans joie, avec beaucoup de courage. Chronique amère, caustique peinture des mœurs : une fiction qui danse sur plusieurs pieds à la fois : rêve et réalité, réel et imaginaire, fantasme et quotidien. C'est une variation de plus dans les thèmes chers à Almodovar. Volver n'appartient pourtant à aucun genre précis. Comme d'habitude, le cinéaste espagnol brouille les pistes et parfois le spectateur perd le fil de sa pensée, de son récit. Bref, ce n'est pas une histoire toute simple. Dans Volver, Almodovar retourne vers ses actrices préférées. Carmen Maura avait déjà joué dans Matador, La loi du désir, Femmes au bord de la crise de nerfs, Pénélope Cruz apparaissait dans En Chair et en os et Tout sur ma mère. La preuve que le grand cinéaste russe S. M. Eisenstein revient au devant de la scène (post-mortem), c'est que le Festival de Cannes présente cette année trois de ses chefs d'œuvre : Octobre, Le pré de Béjine et Alexandre Nevski. En plus d'une grande exposition consacrée à ses dessins érotiques. Alexandre Nevski a été fait en 1937. C'est un film en rapport avec la montée du péril hitlérien. Il s'agit de la défaite infligée par le prince Alexandre Nevski et le peuple russe, au XVIIIe siècle, aux armées germaniques. Le pré de Béjine est basé sur un récit de Tourgueniev qui raconte la vie à la campagne à travers le regard d'un enfant. Hommage aux jeunes pionniers de la collectivation des terres. Octobre a été commandé par le gouvernement soviétique à Eisenstein pour célébrer le 10e anniversaire de la Révolution de 1917. En 1928 quand Octobre est sorti sur les écrans, les spectateurs furent déroutés. Le travail d'Eisenstein sur le montage était extrêmement nouveau, très expérimental. Mais aujourd'hui, la beauté et le souffle épique de cette œuvre demeurent intacts. A Cannes, ses cinéphiles courent, toutes affaires cessantes, vers les mille trouvailles de mise en scène d'Eisenstein en se demandant pourquoi ce génie créatif est absent du cinéma contemporain.