Ce samedi, l'office de tourisme de Béni-Saf s'est décidé à investir dans le tourisme culturel, le plus noble et le plus pérenne de tous, en valorisant le considérable patrimoine archéologique que recèle la région des Oulhaça Chraga et Ghraba par-delà les deux rives de l'embouchure de la Tafna. Il s'agit des ruines de la capitale du plus ancien et plus important royaume numide connu, celui de Syphax. Ce samedi donc, un premier circuit balade pédestre est organisé aux environs de Siga avec visite du mausolée royal de Béni-Ghename, dit Karkar Laâraïs dont nous avons rappelé l'histoire dans ces mêmes colonnes (El Watan du 2 sept 2013). Les participants sont attendus devant le marché couvert de Béni-Saf pour entamer l'ascension vers le mausolée situé à 220 m d'altitude à partir du Djebal Skouna. A l'arrivée, les touristes auront droit à une présentation par un spécialiste des lieux, Belkeddar Zoheir en l'occurrence, ainsi qu'à une visite de la galerie mortuaire, unique en son genre. De même, il est prévu une visite à la carrière aux «Houanet», des monuments funéraires préhistoriques. Après déjeuner, dans l'après-midi, la descente en direction de l'ouest, vers l'autre rive de la Tafna, permettra la visite de ce qui reste de Siga, la capitale de Syphax. A cet égard, les fervents de l'histoire nationale dans sa partie durablement occultée, celle de la Numidie, seront heureux d'apprendre qu'un bureau d'études vient d'être retenu par le secteur de la culture pour réaliser un projet de mise en valeur de Siga. Le marché se décline en trois missions. D'abord, un diagnostic avec, en cas de besoin, un projet de mesures d'urgence ; ensuite, réaliser les relevés topographiques et archéologiques ainsi qu'un avant-projet de mise en valeur ; enfin, la rédaction d'un projet final de mise en valeur. Dans le détail, il s'agira d'une délimitation physique pour assurer la sécurisation des lieux, de la projection de leur exploitation par la conception d'espaces de détentes, d'achats et de photographie ainsi que la signalisation et l'aménagement de l'espace. En langage plus clair, il s'agira, entre autres, de déterminer les sites de fouilles éventuelles, de mettre en exergue les objets archéologiques présents et de faire des propositions pour la création d'un musée touristique. Les deux actions constituent d'appréciables opérations de valorisation du patrimoine historique. Très attendues depuis des décennies, elles ont mis du baume au cœur de ceux qui se désolent que le passé ancien de notre pays ait été laissé aux oubliettes avec tous les dommages que cela a entraînés comme perte de repères identitaires. Cependant, d'aucuns estiment que si l'opération confiée à un bureau d'études sera menée à bon port avec éventuellement des mesures qui suivront, des doutes sont émis par rapport à la sortie pédestre. Est-elle conjoncturelle ? Sera-t-elle pérennisée par le secteur du tourisme ? A cet égard, bien qu'organisée hors de la saison estivale et son rush de touristes, elle peut être avantageusement maintenue, particulièrement en direction des lycéens et collégiens, cela de concert avec la direction de la culture. D'une part, ils pourront être entraînés à lire dans les vieilles pierres comme dans les grimoires et se frotter au passé millénaire, ce qui pourrait en faire des citoyens qui seraient intéressés par la visite de nos musés déserts. D'autre part, ils pourraient développer de plus positives attitudes vis-à-vis du pays de leurs ancêtres.