Un nouveau changement à la tête de la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr) et de la Banque du développement local (BDL) a été opéré, hier, par le ministre des Finances, Mourad Medelci. Un changement intervenu une année, presque jour pour jour, après celui opéré par l'ex-ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou, à la tête de quatre des six banques publiques, à savoir la CNEP, le CPA, la BEA et la Badr. Les deux nouveaux responsables nommés à la tête de la Badr et celle de la BDL sont respectivement : Boualem Djebbar, en remplacement de Ferhat Mecibah, et Mohamed Bachtarzi qui succède à Amar Daoudi. Les deux nouveaux responsables désignés sont connus des milieux financiers pour avoir déjà été à la tête de deux établissements financiers, en l'occurrence le Fonds de garantie des crédits aux PME (FGAR), en ce qui concerne Boualem Djebbar, et la Caisse de garantie des marchés publics pour Mohamed Bachtarzi. Si du côté de la BDL, le changement était pour le moins attendu compte tenu de la nomination antérieure de son PDG à la tête de la nouvelle Caisse de garantie de PME (CGC PME) récemment créée, l'éviction de l'actuel PDG de la Badr suscite, en revanche, plusieurs interrogations. Contrairement à son très long passage à la CNEP, Ferhat Mecibah n'a pas fait de vieux os à la Badr. Pourtant, sa nomination à la tête de cette banque avait été interprétée, dans le milieu bancaire, comme une volonté des pouvoirs publics de faire le ménage au sein de cette institution qui avait commencé à faire parler d'elle. L'affaire Tonic emballage, dont le dossier semble aujourd'hui clos, avait, pour rappel, fait beaucoup de bruits. La banque a été aussi victime de plusieurs affaires de détournements dans différentes agences. A quoi obéit alors l'éviction de Mecibah ? De sources internes à la banque, l'actuel PDG aurait été victime de son intransigeance et de sa gestion sans partage. Le retour de celle-ci à sa vocation initiale de financement de l'agriculture a pénalisé, souligne-t-on, plusieurs opérateurs économiques domiciliés à cette banque. Le PDG aurait, d'après nos sources, gelé tous les dossiers de crédits pour les projets hors agriculture. Un gel qui a également atteint les opérations de crédits concernant les extensions de projets que la banque a déjà financés. L'on reproche par ailleurs au désormais ex-patron de la Badr son mutisme excessif. Le lobbying exercé par certains gros clients de la banque est aussi, soulignent nos sources, un élément à prendre en considération dans le limogeage de Ferhat Mecibah. A noter enfin que des six responsables actuels de banques publiques, le nouveau PDG de la Badr est le plus jeune.