L'oncopsychologie est une spécialité incontournable dans la prise en charge des malades atteints du cancer dont le plan national de lutte contre le cancer doit tenir compte. C'est autour du thème éloquent de «Soins de support et accompagnement en oncologie», que se déroulent, du 11 au 13 octobre courant, au palais de la culture Malek Haddad, les 9èmes journées internationales de cancérologie de Constantine. Organisée en collaboration avec la faculté de médecine, le CHU Dr Ben Badis et l'association francophone pour les soins oncologiques de support (Afsos), cette manifestation scientifique à laquelle participent des oncologues des USA, de France, de Mauritanie, du Sénégal, de Tunisie, et bien sûr d'Algérie, est un véritable plaidoyer pour une reconnaissance officielle et à part entière, dans notre pays, de l'oncopsychologie en tant que spécialité incontournable dans la prise en charge du malade et de son entourage proche. Selon Pr. Assia Bensalem, du service d'oncologie médicale (CHU Dr Ben Badis), que nous avons approchée en marge des communications, c'est une formation-information au profit des jeunes médecins, spécialistes et généralistes, sur les comportements à adopter vis-à-vis des malades du cancer. «Nous comptons sortir avec des recommandations de la part des oncologues étrangers, notamment en matière d'accompagnement des malades du cancer, dont la prise en charge psychologique est inexistante au niveau du service d'oncologie médicale de Constantine», nous explique-t-elle. Elle a, en outre, mis en avant le désarroi des malades cancéreux face à la douleur. «A l'hôpital on leur délivre 7 comprimés de dérivés morphiniques, soit une quantité pour une semaine, au lieu de leur donner la dose couvrant tout un mois pour leur éviter les nombreux déplacements; il faut que ces médicaments soient disponibles au niveau des pharmacies privées pour résoudre définitivement le problème», relève-t-elle. De son côté, Dr Zina Fettouchi-Oukkal, psychologue exerçant au centre Pierre et Marie Curie, au service du Pr. Bouzid (Alger), nous parle de la portée stratégique de l'oncopsychologie, une spécialité presque méconnue dans notre pays. «Nous avons trois volets à suivre dans notre démarche thérapeutique, nous dit-elle, l'écoute du patient et de sa famille avec le suivi, individuel et en groupe du malade durant lesquels nous utilisons des approches intégratives et multidisciplinaires (travail de réseau), la prise en charge de la relation soignant-malade, et l'intervention dans l'information qui consiste en la prévention, le dépistage et la formation pour l'enseignant et la recherche». Cette spécialité doit être sanctionnée par un diplôme universitaire, et insérée dans le plan national de lutte contre le cancer, a-t-elle ajouté. Notre interlocutrice évoquera, entre autres, l'intérêt des traitements alternatifs en Algérie, comme les mécanismes culturels qui peuvent aider à l'amélioration de la qualité de vie du malade, avec le recours à un certain mode alimentaire basé sur certains produits, comme le miel, les plantes, des légumes et fruits spécifiques, etc., ayant donné des résultats appréciables dans la prévention de certains cancers. D'autre part, le rôle du mouvement associatif (à ce propos l'exemple de l'association Waha pour les malades du cancer est édifiant) a été également mis en avant dans le soutien des malades du cancer pendant et après le traitement. A notre question au Pr. Aïcha Djemaâ, de savoir où en était le service de radiologie (CHU de Constantine), celle-ci nous dit qu'il fonctionne partiellement depuis le 9 septembre dernier. «Nous ne traitons pour l'instant que les cancers pelvis (prostate, rectum, etc.) ; on travaille avec un simulateur avec tomographie, et le problème qui se pose est qu'on ne peut prendre les autres localisations en l'absence de scanner dédié pour la radiothérapie ; nous l'avons commandé et il sera installé d'ici 2014, pour commencer les traitements des autres localisations», indique-t-elle. «L'autre problème de taille est celui du rapatriement des sources radioactives sur lequel la tutelle doit impérativement solutionner, car en attendant c'est un matériel qui risque de se détériorer», rappelle-t-elle. Entre-temps, le désarroi des malades en attente de traitement n'a pas diminué : entre récidive et métastases, beaucoup quitteront ce monde en silence.