La crise au sommet de l'Etat qui semble accoucher d'un changement du gouvernement ne préoccupe pas outre mesure les partis de l'opposition qui préfèrent plutôt « jouer » aux spectateurs. Si certaines formations comme celle de Louisa Hanoune (le PT) et de Abdallah Djaballah (El Islah) adhèrent à leur manière à l'idée, selon laquelle le gouvernement actuel a bien échoué dans sa mission, d'autres partis comme le RCD ne jugent même pas utile de commenter ces tiraillements entre les trois partis de l'Alliance présidentielle. Le FFS n'hésite pas à assimiler ce qui se passe actuellement sur la scène politique à un « cirque ». « Ce sont des luttes de faction à l'intérieur du régime. On est en train d'assister au même numéro déjà vu, à savoir celui de Bouteflika-Benflis. A l'époque, on a voulu nous faire croire à une bipolarisation de la vie politique, ce qui n'était qu'un mensonge de plus. La même mécanique est remise en marche cette fois-ci avec un Belkhadem-Ouyahia », estime Karim Tabbou, porte-parole du FFS. Pour lui, les (vrais) décideurs sont en train de mettre en avant « des potiches dans un jeu politique peu honorable donnant ainsi un avant- goût à un nouveau scénario élaboré par la police politique ». L'objectif : repositionnement des uns, redistribution des rôles pour les autres...Tout cela se fait, souligne M.Tabbou, loin des préoccupations des citoyens exprimées à travers des grèves et des émeutes. De son côté, l'Union pour la démocratie et la République, parti non agréé de Amara Benyounès, a réagi à travers une déclaration dans laquelle il dénonce encore une fois l'hybridité de l'Alliance présidentielle. Ce parti indique que cette alliance est vouée à l'éclatement dès le début, car les trois formations (FLN, RND et MSP) n'ont rien à partager. « Les premières fissures dans cette alliance sont apparues dès la présentation du programme du gouvernement avant de se confirmer lors des débats à l'Assemblée sur des lois d'une extrême importance pour l'avenir du pays », est-il souligné dans la déclaration. Tout en défendant implicitement le chef du gouvernement, l'UDR parle d'une « offensive islamo-conservatrice », drivée par un Abdelaziz Belkhadem et un Bouguerra Soltani. Bilan « négatif » L'objectif, précise-t-on dans la même déclaration, est de « peser sur le rapport de force en faveur de leur projet pour parvenir à isoler celui qui peut les en empêcher ». Le parti de Benyounès n'a pas ménagé Louisa Hanoune et Abdallah Djaballah qu'il a qualifiés de « deux Romains venus en renfort à Belkhadem pour des tirs groupés, dont l'objectif se précise : les prochaines échéances électorales ». Le parti des travailleurs, quant à lui, estime que l'orientation économique du gouvernement est catastrophique tout comme son bilan. Sans le dire explicitement, le PT applaudira certainement le départ du gouvernement actuel. Djelloul Djoudi, chef du groupe parlementaire, rappelle à l'occasion le programme de privatisation des entreprises publiques, la loi sur les hydrocarbures, la question des salaires, précisant que son parti ne pourra pas soutenir un tel gouvernement. Cependant, il préfère que le chef du gouvernement présente sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale pour qu'il y ait débat, tout en affirmant que si déclaration il y a, les députés ne pourront voter que contre. Car, pour lui, le bilan gouvernemental est « négatif ». M.Djoudi refuse toutefois parler d'une « crise » au sommet de l'Etat. Même son de cloche du côté d'El Islah, qui adhère à l'idée selon laquelle le chef du gouvernement doit être remplacé par un « technocrate » à même d'assurer la transparence des prochaines échéances électorales. Abdelkader Belahcène, cadre du parti, a confirmé cette position qu'El Islah partage, pour la première fois, avec son frère ennemi le MSP. L'argumentaire de M. Belahcène pour justifier la nécessité du changement du gouvernement est le même que celui de M.Soltani, à savoir les retards dans la réalisation du programme du président Bouteflika. M. Belahcène dit aussi que le gouvernement actuel a prouvé son incapacité de répondre aux aspirations des citoyens, ce qui explique, à ses yeux, l'ébullition du front social.