L'âge de pierre contre l'âge de l'électron. Un jeune blogueur, Abdelghani Aloui, vient d'être jeté à Serkadji, bagne de sinistre réputation où tant d'indépendantistes ont été guillotinés. Pour quelques photomontages hérétiques de Sellal et Bouteflika diffusées sur internet. Ce n'est pas la première fois que la police préfère s'en prendre à un jeune blogueur plutôt qu'à un ministre voleur et arrête ainsi un faiseur d'images ; cette même année, un autre blogueur a été jeté 9 mois en prison pour avoir diffusé des images de révolutions arabes. Pourquoi ? Pour l'image, centre nerveux de la crispation nationale, celle d'un bout de peau féminin qui dépasse, d'un Président qui fait semblant de se lever ou simplement d'un match de football. Comme ce Burkina-Algérie qui divise les Algériens où, d'un côté, les durs qui, devant la somme faramineuse exigée pour la retransmission, sont d'accord avec leur télévision, il faut voler ce qui ne peut s'acheter. De l'autre, les légalistes, qui soulignent que c'est quand même une première mondiale, une télévision d'Etat qui pirate ouvertement un programme qu'il n'a pas payé. Pour ou contre ? D'un point de vue philosophique, il s'agit surtout de se réapproprier son image, son pays et sa fierté, voire couper ses relations diplomatiques avec le Qatar qui finance des groupes terroristes et n'a jamais caché son intention de mettre l'Algérie sous la coupe des salafistes djihadistes. Oui, mais au fond, où est la ligne de front ? Elle est juste là, le blogueur Aloui en détention à Serkadji a 24 ans et le président Bouteflika, en détention chez lui, en a 50 de plus. Tout un fossé d'images. Le premier ne devait pas savoir qu'il a existé des télévisions en noir et blanc. Le second ne devait pas non plus savoir que des images pouvaient être transmises par une ligne téléphonique. Et le football ? Passons. Contrairement à la prison, ce n'est qu'un sport.