lundi 21 à 17h. Tlemcen. John Ford, cinéaste bougon, trapu, vieux de la vieille, tourne comme à son accoutumée, dans le décor de Monument Valley, un western de plus. John Wayne devant la caméra, Winton C. Hoch à la caméra et Franck S. Nugent à l'écriture. Le pitch ? Ethan (Wayne) et son neveu Martin Pawley (Jeffrey Hunter) partent à la recherche de Debbie, seule survivante du massacre qui emporta la famille d'Ethan. Les responsables ? Des Indiens. Mais le film ne tourne pas uniquement autour d'eux. Nous ne sommes pas chez Hawks. Et Ford a changé. Comme la société autour de lui. Cette Amérique si glorifiée dans ses précédents films n'est plus, n'est pas, ne veux plus. Mixité culturelle, identitaire, Ford observe cela et semble à l'écoute. Cette nouvelle Amérique, il la vit autrement, l'accepte sans pour autant y adhérer. Ethan, personnage intolérant, misanthrope, c'est un peu Ford. Et lorsque ses personnages reviendront avec Debbie, seul Ethan repartira ailleurs. Laissant le noyau familial. Incapable de s'adapter. Impossible pour lui de renaître, de revivre, de tourner la page. Ford en est conscient, et en disséquant le western, il annonce un chant, celui d'un Hollywood qui doit trépasser pour que l'herbe repousse plus vite. En donnant le «Happy End» à Debbie et Martin Pawley, c'est à la nouvelle génération, à la jeunesse, que Ford balance son clin d'œil. Ford, cinéaste réac' ? Pas sur plutôt cinéaste progressiste, mais toujours bougon. Pour l'éternité. A la Cinémathèque.