La cinquième édition du Festival international du théâtre de Béjaïa (FITB) démarre aujourd'hui sans le Togo et le Soudan, qui se sont finalement déprogrammés, et la Croatie et les USA qui ont réservé pour 2014, mais avec vingt pays réunis pour l'amour du père des arts et pour séduire avec un patchwork théâtral. La cérémonie d'ouverture aura lieu en fin de journée à la Maison de la culture. Au programme, un spectacle coloré pour accueillir les invités foulant le rouge d'un tapis empruntant modérément à l'esprit des shows du monde du cinéma. Une ambiance de fête où clowns, prestidigitateurs et la fanfare des pompiers mettront leur touche. Le tout sur un fond musical pour accueillir quelque 250 comédiens prêts pour 200 représentations théâtrales sur les planches du Théâtre régional Malek Bouguermouh (TRB) et dans les deux salles de la Maison de la culture, mais aussi dans des communes limitrophes et six wilayas du pays, dont Alger. La bienvenue sera souhaitée par la troupe du TRB avec un spectacle, Lâaslama, monté par Bazou, comme un tableau où «Béjaïa ouvre son grand livre d'histoire» pour reprendre les propos de Omar Fetmouche, directeur du TRB et commissaire du FITB. La soirée est réservée pour le spectacle d'ouverture avec Le péché de la réussite, une pièce coproduite par le FITB et l'Académie des arts de Colonne, dont le pays, l'Allemagne, est l'invité d'honneur du festival. Mise en scène par la Tunisienne Meriam Bousselmi, Le péché de la réussite est une pièce «au féminin pluriel», comme la définit O. Fetmouche. Six femmes : trois Algériennes, une Marocaine, une Syrienne et une Egyptienne se partageront les rôles l'histoire d'une femme artiste qui refuse de recevoir un prix. La pièce est un cri revendicatif pour élever la femme arabe au statut de citoyenne à part entière. «La pièce bascule entre drame social et registre de l'absurde et pointe le doigt sur ‘‘l'inquisition'' des hommes arabes», a expliqué à El Watan le dramaturge Omar Fetmouche. Le péché de la réussite est le produit d'un travail entamé depuis une quarantaine de jours au TRB, qui reçoit aussi la troupe italienne Ateliercuncheon pour un «spectacle stage» qui a embauché pour l'occasion des comédiens locaux. La coopération concerne aussi les Autrichiens de Just un must Theatre Company auxquels se sont joints deux comédiens algériens pour les besoins d'un passage à interpréter en langue arabe à Alger et en tamazight à Béjaïa, explique le directeur artistique du FITB, Sofiane Boukemouche. Les Autrichiens sont attendus avec leur pièce Sport play (Pratiquer un sport) du prix Nobel 2004 Elfriede Jelinek. Montée en 1998, mise en scène de Vanda Butkovic, la pièce dévoile «la commercialisation du corps humain et des émotions dans le sport». Le deuxième jour est réservé pour la pièce de Roberto Ciulli, Kaspar, produite par Theater an der Ruhr, la compagnie allemande qui a à son actif la célèbre En attendant Godot, de Samuel Becket. En soirée, place au théâtre algérien avec La terre et le sang, adaptée du roman de Mouloud Feraoun, et mise en scène par Omar Fetmouche. Le FITB fera l'expérience de la projection de la même pièce, Une femme en papier de Waciny Laâredj, dans les deux langues, arabe et tamazight, et de les faire suivre d'un débat sur les techniques de l'adaptation. Le festival se poursuivra jusqu'au 5 novembre avec la présence confirmée de plusieurs personnalités du théâtre et représentants d'institutions (ISTS Avignon, ITI (Unesco), Cirque-théâtre d'Elbeuf, AARC…) et de nombreuses représentations diplomatiques, dont les ambassades du Japon et de la Finlande, et du vice-ministre de la Culture de la Libye.