Trois personnes venues de trois régions différentes, atteintes de paludisme, se sont retrouvées par le plus grand des hasards à l'hôpital de Batna. Le premier cas, un octogénaire, est décédé quelques jours après son admission au service des urgences du CHU Benflis Touhami de Batna. L'exploration préliminaire ayant révélé un taux bas de plaquettes, les médecins ont fait appel au service d'hématologie qui, après avoir procédé à un frottis, a détecté le parasite causant le paludisme. Le facteur à l'origine de cette pathologie contagieuse est un parasite du type Psalmodium Falciparum, considéré comme le plus nocif, voire mortel. Celui-ci n'existe pas en Algérie et ne pouvait provenir que de la région subsaharienne (Mali, Niger). Dans ce cas précis, l'enquête s'est orientée vers les donneurs de sang, puisque le vieillard ayant subi une intervention chirurgicale pour une hernie, un mois auparavant dans le même CHU, avait été transfusé, a-t-on signalé. Des échantillons des cinq donneurs ont été envoyés à l'Institut Pasteur pour sérologie, afin de confirmer ou d'infirmer cette source. Le deuxième cas admis au service des maladies infectieuses est, quant à lui, rentré d'un long périple au Maroc, au Sénégal et au Mali. Parti assister au match Burkina Faso-Algérie à Ouagadougou, il a été admis au service des maladies infectieuses à l'EHP de Batna. Il est porteur également du Psalmodium Falciparum. Il apparaît clairement que ce dernier a été infecté soit à Bamako où il a fait un séjour de huit jours, soit dans une ville frontalière du Burkina Faso traversée, dit-on, par un fleuve où prolifère probablement l'anophèle, vecteur principal du paludisme. A l'opposé des deux premiers cas, le troisième a été contaminé par le type Psalmodium Vvivax, parasite considéré comme moins nocif et dont des foyers existent encore en Algérie. Le patient est un jeune homme de 36 ans qui travaille dans un périmètre agricole à El Goléa, dans la wilaya de Ghardaïa, où existe justement un foyer de Psalmodium Vivax. Parmi les trois personnes atteintes, seul le vieillard décédé reste une énigme. Les doutes exprimés par certains journaux impliquant les populations en provenance du Mali et du Niger depuis le début des hostilités dans la région, qui se sont installées ou sont passées à Batna, seraient aberrants, selon les spécialistes, puisque la contamination ne s'accomplit que par piqûre de moustique ou par voie transfusionnelle, et c'est très rare dans ce cas. Pour cette dernière cause, certains avancent qu'il serait judicieux de généraliser le contrôle du Psalmodium chez les donneurs de sang. Pour le moment, ce contrôle se fait dans quelques villes du Sud comme Tamanrasset, Illizi et El Goléa. En attendant, les mesures fondamentales à ne pas négliger sont liées à la chimioprophylaxie. Toute personne devant voyager dans les pays africains doit obligatoirement la subir, c'est-à-dire se faire vacciner. Le professeur Aït Hamouda du service des maladies infectieuses de l'hôpital de Batna estime que, parfois, les gens sont négligents. «On ne dira jamais assez à quel point il est important de se faire vacciner lorsqu'on désire voyager dans les pays du Sud», affirme-t-il. Une commission ministérielle composée d'entomologistes et de spécialistes de l'Institut Pasteur a été dépêchée, hier, sur les lieux. L'Algérie, pour rappel, a entamé la lutte contre les foyers de ce vecteur en 1968 ; en 1978, il ne restait que quelques résidus pour n'atteindre qu'un taux de contamination de 0,5%, alors que l'on dénombrait presque 120 000 cas par an avant 1968.