Pénalisés par la fermeture de la frontière avec le Mali, les éleveurs et les commerçants de la wilaya de Tamanrasset se sont plaints au Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Cette préoccupation a été, en effet, évoquée avec insistance lors de la rencontre avec les représentants de la société civile, organisée à l'issue de la visite, jeudi dernier, de la délégation ministérielle dans cette wilaya. Le premier à exprimer cette demande est le président de l'Assemblée populaire de wilaya de Tamanrasset (P/APW), Dahmane Hamaza. Il demande aux autorités de revoir à la hausse le nombre d'autorisations de passage des commerçants de troc vers le territoire malien. «La frontière est ouverte une seule fois par mois. Nous demandons à ce qu'elle le soit deux ou trois fois par mois, pour permettre aux commerçants d'échanger leurs marchandises avec celles de leurs voisins des pays frontaliers», déclare-t-il. Fermée depuis le mois de juin 2013, la frontière avec le Mali n'est ouverte qu'une seule fois par mois aux commerçants de cette région. Ces derniers sortent à partir du 15 de chaque mois et rentrent avant le 30. Ceux qui dépassent cette date sont interdits de retour au pays et, par conséquent, leurs marchandises risquent de périr. La même revendication a également été exprimée par les éleveurs de la région de Tinzaouatine. «Nous sommes des éleveurs et nous sommes obligés d'emmener nos bêtes dans les régions où il y a des pâturages. Nous ne pouvons pas faire de l'élevage de poulets, nous avons des chameaux et pour assurer leur subsistance, il faut les emmener dans les régions où l'herbe est abondante. C'est pourquoi, nous vous demandons de prendre en considération notre sollicitation», déclare un représentant des éleveurs. Dans sa réponse, Abdelmalek Sellal a invoqué les raisons sécuritaires qui font qu'une telle mesure ne pourra pas être appliquée. «L'ouverture des frontières de l'extrême Sud nécessite encore du temps. Des criminels peuvent s'introduire à travers ces frontières et créer des problèmes à l'intérieur du territoire national», explique-t-il. Mais pour le commerce de troc, le Premier ministre promet d'étudier la question. «Avec l'accord du président de la République et sous la supervision de l'Armée nationale populaire (ANP), ces frontières sont ouvertes une fois par mois, et il est possible, en concertation avec l'ANP d'examiner la possibilité de les ouvrir deux fois par mois», soutient-il. «Il faut bannir l'idée de marginalisation» La seconde préoccupation des citoyens de Tamanrasset est la situation des agences de tourisme, sérieusement affectées par la fermeture, depuis 2009, de certains sites touristiques. Plusieurs propositions ont été d'ailleurs formulées par les responsables de ces agences pour relancer le tourisme dans cette région. Les citoyens de Tamanrasset n'ont pas manqué l'occasion d'exposer au Premier ministre un vieux problème dont se plaint la population du Sud : la marginalisation et l'exclusion des postes de responsabilité. Une plainte que le Premier ministre a jugée exagérée. «Il faut bannir toute idée de marginalisation d'une quelconque région du pays», a-t-il déclaré, précisant que «nos seuls ennemis sont la pauvreté et le sous-développement et nous saurons faire face à ceux qui veulent attenter à notre sécurité.» D'autres intervenants ont aussi soulevé les problèmes de routes, d'eau et de gestion dans les régions de cette wilaya. Ceux d'In Salah, au Nord, quant à eux, demandent à élever leur daïra au rang de wilaya et d'ouvrir un centre universitaire dans la localité. Une élue de l'APC de Tinzaouatine a évoqué, dans sa langue maternelle (le tamachaqt), la nécessité de transcrire en caractère bérbère, tifinagh, les panneaux de signalisation et les enseignes des différentes administrations.