« Le prix du poulet reprend progressivement son cours normal. En deux mois nous avons pu rattraper les trois quarts du déficit causé par la crise de la grippe aviaire qui aura duré cinq longs et terribles mois. Un manque à gagner estimé entre 200 et 250 millions de dollars. Soit le quart du chiffre d'affaires que génère la filière avicole qui avoisine le milliard de dollars annuellement. » Décidément, les propos de M.Tah Benhamza, élu à la présidence de la coordination des professionnels de l'aviculture, prêtent à l'optimisme. Nonobstant les chiffres que conteste, au demeurant, le ministre de l'agriculture, Saïd Barkat qui les trouve « exagérés ».N'empêche, l'heure est on ne peut plus au pragmatisme : Les professionnels de l'aviculture font désormais partie prenante d'un groupe de travail bipartite qui les regroupe avec des cadres du ministère de l'Agriculture. Un travail, qualifié de « sérieux » et de « fouillé », par Benhamza, est en train d'être accompli pour « dresser un diagnostic pointu de la filière. » Ce professionnel de l'aviculture se dit ainsi « confiant que dans les jours à venir, la tutelle prendra en charge les recommandations de cette bipartite. » Le diagnostic cernera les difficultés du secteur, rongé par l'instabilité découlant d'une dualité entre un secteur moderne (se rapprochant des normes de compétitivité internationale) et un secteur archaïque et informel appelé à s'adapter, au risque de disparaître. « L'idéal est d'aboutir à un prix du poulet stable autour de 180 et 200 dinars le kilogramme. Un prix qui arrangera tout les éléments de la chaîne avicole. Ce qui correspond à une production située entre 16 millions et 22 millions de poulet par mois. Alors que le pic de production de 30 millions de poulets est atteint durant le mois de Ramadhan, au sommet de la crise, (février, mars), la production nationale mensuelle n'a pas su dépasser les 7 millions de poulet. Actuellement, la production avoisine les 12 millions de poulet par mois. Ce qui explique la rareté de l'offre. Les prix sont de fait élevés. La viande rouge reste la viande des classes populaires. Le pouvoir d'achat des algériens étant des plus bas, explique M.Benhamza. Au chapitre des aides, les aviculteurs affiliés à cette coordination, qui travaille en étroite collaboration avec la chambre nationale d'agriculture, réclament une pause fiscale. « Il n'est pas nécessaire que l'Etat accorde des indemnités directes, ce qui fera sans doute l'affaire des rentiers. Mais, nous sommes pour une indemnisation de groupe à la filière », soutient le président de la coordination des aviculteurs. Ainsi, loin de revendiquer une amnistie fiscale, au risque de passer pour des « non sérieux », les aviculteurs proposent une rupture avec le système fiscal actuel. Ils souhaitent aller vers -comme c'est le cas dans certains pays voisins- une ponction à la source de la fiscalité. « Dans tous les cas, il faut une pause fiscale, seul système à même d'instaurer une transparence totale », argumente M.Benhamza. Et de citer l'exemple d'un investissement nécessaire dans la chaîne de froid. La crise liée à la psychose entourant la grippe aviaire a poussé la petite paysannerie vers la faillite. Une couche sociale représentant près de 20 % des professionnels de l'aviculture. Autre conséquence, l'on assiste à la concentration des petits aviculteurs autour des grands groupes avicoles. La crise a révélé la nécessité d'organiser la filière. « Ceci passe, projette Benhamza, par l'élaboration d'une charte sanitaire et d'un contrat de performance zootechnique. »