La lutte antivectorielle des foyers de contamination à Ghardaïa était incomplète, selon les experts nationaux. L'insalubrité, les eaux stagnantes ont favorisé la prolifération des moustiques, dont des larves d'anophèles trouvées dans les gîtes. La réunion des experts nationaux portant sur les cas de paludisme enregistrés depuis début octobre, qui s'est tenue hier à Alger, a examiné de près la situation et a évalué les mesures mises en place pour lutter contre cette maladie. Les premières conclusions ont révélé que ces cas pris en charge dans les structures hospitalières ne représentent pas une épidémie. Les experts ont ainsi examiné la situation à deux niveaux. Le premier concerne tous les cas déclarés au niveau national et hospitalisés, ce qui représente une quinzaine de patients, dont des supporters des Verts qui se sont rendus au Burkina Faso. «Il y a 7 supporters, 3 étrangers et 5 nationaux pour lesquels il n'y a aucun lien épidémiologique ; trois décès ont été malheureusement enregistrés», a déclaré le directeur de la prévention au ministère de la Santé, qui a coordonné cette réunion. Le second volet concerne la situation particulière de Ghardaïa. Selon l'infectiologie, le nombre de cas de paludisme enregistré dans cette localité est de 9, dont un décès qui a présenté un neuro-paludisme, la forme la plus grave. La maladie s'est propagée à Ghardaïa, selon le Pr Mesbah, à travers une souche importée. Il s'agit donc d'un paludisme importé à Plasmodium falciparum. Les experts ont donc conclu qu'il y a un micro-foyer sporadique à caractère local apparu à partir de cas importés. Les eaux stagnantes causées par les fuites d'eau dans les canalisations et à partir d'un château d'eau à proximité des habitations, l'insalubrité et les conditions climatiques avec une température supérieure à 28° ont favorisé la prolifération des moustiques. Des larves de ces moustiques ont été retrouvées, a-t-il déploré. Et de rappeler que le paludisme touche 500 millions de personnes dans le monde et que l'Algérie, pays foyer de paludisme dans les années 1960 avec 100 000 cas autochtones par an, enregistre 300 à 400 cas importés par an et une augmentation durant les deux dernières années avec une moyenne de 600 cas importés par an en raison des événements que connaît l'Afrique subsaharienne. Les experts ont ainsi recommandé de renforcer et d'adapter les mécanismes de prévention en vigueur contre cette maladie transmissible, en collaboration avec tous les secteurs à savoir la santé, les collectivités locales, l'agriculture et l'environnement. Ils préconisent aussi de coordonner les secteurs de la santé, les collectivités locales, l'agriculture et l'environnement pour le renforcement du dispositif de lutte contre le paludisme. Il a également rappelé qu'il est important de consolider les mesures de prévention et de sensibilisation des voyageurs dans les pays endémiques pour qui la vaccination contre la fièvre jaune et la chimio-prophylaxie sont obligatoires.