Les opérateurs algériens seraient-ils plus enclins à tenter l'aventure de l'entrepreneuriat ? Les chiffres présentés récemment par l'Agence d'intermédiation et de régulation du foncier (Aniref) semblent destinés à nous en convaincre. L'Agence qui, depuis plus de deux années, a orienté ses missions vers la promotion du foncier industriel et qui compile, depuis, les données des Comités d'assistance à la localisation et à la promotion de l'investissement et de la régulation foncière (Calpiref) officiant au niveau local, affiche d'emblée un constat : il y a un retour notable vers l'investissement. Le bilan des concessions de foncier industriel durant les 9 premiers mois de l'exercice 2013, et au-delà des chiffres largement mis en relief par l'Aniref, induit une conclusion et non des moindres : Les wilayas, connues pour leur forte activité commerciale et l'hégémonie de l'informel et de l'économie souterraine dans la structure des échanges, se caractérisent notamment par un regain de l'activité industrielle. Les données sont on ne peut plus claires à ce sujet. Dans la région nord du pays, ce sont les opérateurs de la wilaya de Mila qui s'illustrent avec le plus grand nombre de demandes de foncier. Plus de 474 dossiers traités par le Calpiref contre seulement 15 au niveau de la wilaya d'Alger. Idem pour ce qui est de la zone des Hauts-Plateaux. Ce sont les agences Calpiref des wilayas de Bordj Bou Arréridj, Sétif, Tébessa et Oum El Bouaghi qui affichent les plus gros résultats en ce qui concerne le traitement des demandes de foncier avec respectivement 269, 108, 134 et 381 dossiers introduits. Au-delà de ce dynamisme que l'Aniref met sur le compte des avantages accordés aux investisseurs, notamment dans les régions des Hauts-Plateaux et du Sud du pays, l'institution dresse un constat en demi-teinte de la satisfaction de la demande des opérateurs. Celle-ci, qui évoque une hausse de 50% du taux de traitement des dossiers relatifs au foncier industriel par rapport à l'exercice précédent, note que si «l'accès au foncier industriel s'est amélioré de manière significative, la demande demeure pressante». Ainsi, les dossiers acceptés représentent 43% du nombre global des demandes traitées, soit un taux relativement faible comparé aux 42% de demandes rejetées. Un taux que l'Aniref met sur le compte de la saturation des espaces dans certaines régions, ce qui la pousse à insister sur la nécessité de créer de «nouveaux espaces, à l'instar des parcs industriels en cours de concrétisation, lesquels contribueront à terme à assurer une meilleure disponibilité».En attendant, les investisseurs potentiels sont plus disposés à s'orienter vers une implantation en zone d'activité et en zone urbaine et rurale, alors que les nouveaux parcs industriels qui émergent n'accaparent que 6% des demandes de localisation de la part des investisseurs. Des changements semblent aussi toucher la structure même des projets d'investissement en quête d'implantation. C'est l'industrie qui suscite l'intérêt des opérateurs, du moins en ce qui concerne 50% des demandes, suivie des services avec 36% des dossiers présentés. La nomenclature même des projets industriels opère une petite mue. S'il est vrai que les industries agroalimentaires dominent toujours les velléités d'investissement, les projets d'entrepreneuriat industriels s'orientent de plus en plus vers les industries sidérurgiques, mécaniques, électroniques, chimiques, plastiques et pharmaceutiques, mais surtout vers une activité que l'on croyait définitivement sinistrée : l'industrie manufacturière. Ainsi l'industrie des cuirs et textiles et l'activité bois et papier représentent respectivement 9% et 5% des demandes de localisation.