«Mourir ainsi c'est vivre» (Kateb Yacine) Qui aurait pu croire qu'en cet Aïd El Adha notre très cher Omar nous quitterait avec l'art de l'élégante discrétion qui est le sien, sans déranger, sans alarmer qui que ce soit et sans même nous dire adieu. L'épreuve dans sa brutalité est cruelle, et qui parmi nous peut se résoudre ainsi à une telle fatalité, dans sa douleur indicible ? Dans l'affliction, les larmes abondantes ont ruisselé sur les joues des plus endurcis de ses proches et fidèles amis, consternés par le sort. Seule l'élévation de l'âme par la foi et la résignation en la volonté divine nous a éclairés dans la rationalité qui nous rappelle que les êtres chers et les hommes de valeur possèdent le don de dignement s'éclipser de ce bas-monde et de s'en aller sans faire de bruit, dans le silence de la spiritualité, pour regagner l'au-delà d'un univers meilleur : celui de l'éternité. C'est la seule consolation qui nous reste pour nous remémorer Omar Djebara, tel qu'il a été dans tous les temps, à travers ses qualités humaines, sa générosité, sa sociabilité, son perpétuel sourire plein d'amabilité et surtout son amour pour l'Algérie qu'il a tant aimée. Natif d'un quartier populaire à la Rampe Louni Arezki (ex-Rampe-Vallée), limitrophe de La Casbah, un dimanche 7 septembre de l'année 1947, il a été l'ami de tous ceux qui, nombreux, l'ont connu dans la trajectoire de sa vie, et ce, dès la prime enfance au familier jardin Marengo (actuellement jardin de Prague), aux écoles maternelle, primaire et lycée implantés dans le quartier, sans oublier l'Université d'Alger qu'il a fréquentée durant son âge d'or, les années 1970. L'association «Les Amis de la Rampe Louni Arezki-Casbah», dont il était l'un des membres fondateurs actifs et vice-président, perpétuera le souvenir de la rectitude de l'affabilité et de l'abnégation de l'homme de culture qu'il fût, par son apport à toutes les actions initiées pour la réappropriation de nos valeurs ancestrales auquelles il était, selon son expression favorite, viscéralement attaché. Ses amis intimes, Mohamed Damerdji, Rabah Haouchine et l'auteur de ces lignes se souviendront longtemps de cette matinée du vendredi 11 octobre 2013, merveilleusement ensoleillée qui les avait réunis une dernière fois autour d'un café à une terrasse du complexe de loisirs d'El Kettani, à Bab El Oued. Particulièrement disert ce jour-là, il n'avait cessé de développer des thèmes d'actualité inhérents à la culture et à l'histoire de l'Algérie, qui ont suscité l'intérêt de l'assistance et un fécond débat. C'est au terme de cette émouvante et chaleureuse rencontre et comme un au revoir que notre ami Amar Bouzenoune qui s'était joint à nous, sortit un appareil photo pour immortaliser ce moment fort d'heureuses retrouvailles, qui avec le recul se révéla prémonitoire à travers les prises de vue incroyablement choisies avec insistance par le défunt. Ainsi, elles avaient pour perspective de fond la mer bleue et son lointain horizon de la Méditerranée, avec une reprise instantanée sur le contrefort de la façade de l'hôpital Aït Idir attenante à la Rampe Louni Arezki. Une véritable symbolique de deux repères mémoriels chers au disparu, car incarnés par le bleu aux reflets argentés de la mer resplendissante sous le soleil d'Alger et le quartier natal où notre inoubliable ami a vu le jour. Omar a toujours été ainsi dans son expression philosophique puisée des vertus civilisationnelles d'universalité. Le voilà, en cette fatidique matinée du jeudi 17 octobre 2013, rejoindre à son tour des êtres qu'il a aussi pleurés et qui l'ont précédé dans l'abîme d'une mort foudroyante, comme nos chers amis de l'association, hélas précocement disparus, Mohamed Tamache, Rachid Zegouari et Mahmoud Korichi, dont le souvenir est encore vivace et qu'ils ne seront jamais oubliés. Dans le royaume de la paix céleste où tu demeureras désormais et dans la Miséricorde du Tout Puissant qui l'accueillera Incha Allah en Son Vaste Paradis, saches cher Omar que tu seras certes un grand absent, mais affectivement présent pour l'éternité dans la mémoire et la pensée de tous ceux, qui très nombreux, t'ont connu et aimé. Adieu cher frère et ami d'enfance d'une destinée solidairement partagée dans la trame des épreuves et des valeurs d'humanité. Président de l'association «Les amis de Rampe Louni Arezki Casbah» Email : [email protected]