L'insuffisance des marchés et la désorganisation ambiante poussent à l'augmentation du prix des produits. Pas moins de 30 000 commerces privés situés dans les grandes villes, telles qu'Alger, Annaba, Oran, Blida et Constantine sont aujourd'hui inexploités. C'est pour appeler à l'ouverture des surfaces et des locaux commerciaux publics et privés que les responsables de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) ont tenu, hier, une conférence de presse à Alger. Les conférenciers ont ainsi constaté un véritable gâchis : commerces et grandes surfaces fermés laissant ainsi l'informel prospérer et les marchés récemment construits encore inexploités gonflant ainsi la facture du gaspillage des deniers publics. Il est essentiel, d'après Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, d'ouvrir ou récupérer ces locaux pour booster l'économie et créer de l'emploi pour les jeunes. Endiguer l'informel «Malgré les efforts entrepris depuis plusieurs années par le gouvernement et les commerçants, on n'arrive toujours pas à endiguer le phénomène de l'informel. C'est le marché parallèle qui profite de la non-exploitation des commerces», soutient M. Boulenouar en estimant que ce que l'on appelle «marché parallèle n'est qu'un euphémisme dont le véritable nom est ‘‘marché noir'' et qu'il représente un écueil pour les investisseurs». Il se désole du fait que le projet du «plan quinquennal 2010-2014» prévoyant la mise en place d'un réseau de distribution composé de 100 marchés de proximité, 800 marchés de détail et 30 marchés de gros n'a pas pu voir le jour. Il rappelle, à l'occasion, d'autres projets présidentiels non concrétisés à l'exemple des «100 locaux dans chaque commune» qui auraient pu, à l'en croire, permettre la création de 450 000 postes d'emploi. Il appelle à l'ouverture des surfaces publiques à l'instar des Souks El Fellah, les Galeries algériennes ainsi que les hangars dont certains sont fermés depuis plus de 20 ans. L'une des conséquences de l'insuffisance des marchés et de la désorganisation ambiante reste, d'après M. Boulenouar, l'augmentation des prix. «S'il y avait un nombre suffisant de marchés, les prix se stabiliseraient. Avec des produits qui sortent au compte-gouttes des marchés de gros, les prix resteront élevés», explique-t-il. Bousculer le privé Pour ce qui est des locaux privés fermés, Tahar Boulenouar précise qu'il en existe trois types : ceux qui n'arrivent pas à débloquer leur situation à cause de problèmes administratifs, ceux qui n'ont pas encore résolus des questions liées à l'héritage et, enfin, ceux qui se livrent à des activités illégales. «Lorsque les commerces sont fermés dans un lieu donné, il y a une baisse d'affluence qui nuit aux commerçants restés ouverts», souligne M. Boulenouar. Pour étayer ses dires, il cite l'exemple des dédales vides du monument aux martyrs car près de 100 commerces sont fermés à cause de blocages administratifs. Le porte-parole de l'UGCAA se désole du fait que plusieurs surfaces, ayant coûté beaucoup d'argent à l'Etat, se retrouvent aujourd'hui inexploitées. Il s'interroge sur les raisons pour lesquelles le marché de gros d'El Harrach, constitué de 112 locaux commerciaux, est fermé, le marché de gros de la commune de Kharouba à Boumerdès comprenant 549 locaux reste inexploité et que le marché de gros d'El Tarf qui compte 200 locaux commerciaux a été envahi par les vaches et les mauvaises herbes… Saïd Melzi, représentant de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI) a précisé, de son côté, que les marchés de proximité ne doivent pas être construits à la hâte et qu'il est important de bien choisir les lieux dans lesquels ils vont être implantés. Tout en saluant l'initiative du wali d'Alger demandant l'ouverture des locaux inexploités, Tahar Boulenouar appelle à élargir cette démarche à l'échelle nationale. «Ce n'est pas uniquement à Alger que les locaux sont fermés, dit-il, nous aimerions que les autres responsables locaux prennent des mesures similaires, afin que cela crée une dynamique dans toutes les régions du pays.»