La situation à Guerrara reste calme, mais précaire l Les forces de sécurité, arrivées en renfort de Laghouat et Djelfa, se sont déployées en nombre dans les quartiers à forte densité de populations ibadite et malékite. Ce qui ne devait être qu'un match de football, vendredi soir, au stade du 24 Février entre Ettaradji et El Ahly, deux équipes rivales de la même ville, Guerrara, à 130 km au nord-est du chef-lieu de wilaya, Ghardaïa, s'est transformé en une bataille rangée entre les galeries des deux équipes. Des voitures et des magasins ont fait les frais de la fureur de ces pseudo-supporters qui se sont déchaînés sur tout ce qui se trouvait sur leur chemin. Huit voitures ont été complètement détruites alors que d'autres ont été dégradées à divers degrés. Douze magasins ont aussi fait les frais de ce hooliganisme, notamment un cybercafé qui a été saccagé ainsi que trois logements. L'intervention énergique des forces de l'ordre de la sûreté de daïra de Guerrara, rapidement débordées par l'ampleur des affrontements et la multiplication des foyers de tension, n'ayant pas suffi à ramener le calme, il a fallu faire appel aux forces antiémeute de l'Unité républicaine de sécurité (URS) de Gar Ettine (Berriane) qui se sont rapidement déployées dans la ville pour s'interposer entre les belligérants. Les affrontements à coups de pierres et de toutes sortes d'objets hétéroclites qui s'amoncelaient encore sur le bitume, se sont poursuivis toute la nuit de vendredi au samedi jusqu'à 2h. Ils ont repris, hier vers 9h pour s'arrêter à 13h30. Pas moins de 20 blessés ont été recensés parmi les forces de l'ordre, dont deux officiers, alors que parmi les citoyens on dénombrait plus de 40 blessés dont trois gravement atteints. Selon des sources locales, une dizaine de personnes ont été arrêtées et étaient toujours aux mains des forces de l'ordre au moment où nous mettons sous presse. Il faut cependant préciser que ces affrontements reprennent le clivage entre ibadites et malékites qui cohabitent dans cette ville si calme d'habitude. Ce qui fait dire à certains que «des pyromanes tentent par tous les moyens de plonger la région dans des violences intercommunautaires, alors qu'il y a juste une semaine une osmose indescriptible s'est emparée de la ville au coup de sifflet final de l'arbitre sénégalais consacrant la victoire de l'Algérie et sa participation au Mondial brésilien». Pour Mustapha, sociologue connu dans la région, «ces événements n'ont rien à voir avec cette partie de football, ils sont le résultat d'une irresponsabilité coupable de certaines personnes qui sont intervenues lors du débat entre le nouveau wali et la société civile au cours de sa visite, mardi passé. Remuant le couteau dans la plaie, ils ont ravivé les tensions et exacerbé les relations entre les jeunes des deux communautés. Ils doivent répondre de leurs actes devant Dieu et la justice». Son ami Ahmed, d'un ton amer, ajoute : «Depuis ce jour-là, tout le monde sait qu'il y a de l'électricité dans l'air. Il fallait à tout prix éviter le contact en reportant cette rencontre qui n'est en fait qu'un prétexte.» Ce qui ne serait pas une première puisqu'il y a tout juste deux mois, un motif des plus futiles – un jeune d'une communauté aurait, semble-t-il, manqué de respect à une jeune fille de l'autre communauté – avait engendré des violences qui ont provoqué plusieurs dégâts aux magasins et voitures ainsi que quelques blessés. Il a fallu l'énergique implication des notables de la région et tout le poids des sages des deux communautés pour ramener le calme. Pour en revenir à la situation à Guerrara, elle est pour l'instant calme, mais précaire. Les forces de sécurité, arrivées en renfort de Laghouat et de Djelfa, se sont déployées en nombre au centre-ville et dans les quartiers à forte densité de population des deux communautés. Les sages et notables de la région, encore une fois, s'impliquent dans la résolution de cette énième crise et pèsent de tout leur poids pour calmer la situation.