Révolu commence à être le temps où l'Algérie pouvait se targuer de n'être que trop riche et exhiber, à l'extérieur comme à l'intérieur, un pouvoir d'achat des plus confortables et un train de dépenses très enviable. Désormais, des institutions de Bretton Woods il n'y a plus guère que des satisfecit qui nous parviennent, mais aussi et surtout des réserves et des craintes sur les chancelants équilibres financiers du pays. L'Algérie, «prêteuse» en temps de crise des dettes souveraines, n'est aujourd'hui pas si loin que cela d'un retour à l'endettement extérieur. Dans sa dernière analyse de la situation financière de l'Algérie, le Fonds monétaire international (FMI) n'a pas manqué de tirer la sonnette d'alarme quant à l'urgence d'une rationalisation budgétaire. Si l'Algérie persiste dans la même voie, elle finira par recourir à nouveau à l'endettement externe, avertit ainsi l'institution financière internationale. Dans ses projections à moyen terme, le Fonds va jusqu'à pronostiquer pour l'Algérie un niveau d'endettement optimal qui caracolerait à 100% du produit intérieur brut à l'horizon 2050. C'est que tous les ingrédients d'un retour à la crise sont déjà là : tassement des recettes d'exportations d'hydrocarbures, gonflement des dépenses à l'importation et quasi absence de discipline budgétaire. Pour signifier à quel point le risque d'un effondrement des équilibres macroéconomiques est bien réel pour l'Algérie, le FMI recommande vivement aux décideurs du pays d'imiter la norme, en vigueur ailleurs, de limitation des seuils de déficits à autoriser au départ même de l'exercice budgétaire. A défaut de réussir d'indispensables réformes structurelles pour parvenir à instaurer les conditions d'un passage d'une économie de rente à une compétitivité hors hydrocarbures, le gouvernement, semble vouloir dire le FMI, pourrait au moins discipliner sa dépense. S'il n'est bon pour personne, ni pour la fragile croissance économique du pays d'ailleurs, de voir s'opérer de sévères coupes budgétaires dans tel ou tel secteur, il est néanmoins plus qu'urgent de freiner la croissance exponentielle des dépenses et surtout de mettre un terme aux allocations inconsidérées de ressources publiques. Après plus d'une décennie d'accumulation de recettes pétrolières, de gestion prudente des réserves de change et d'ordonnancement de programmes d'équipement massifs et budgétivores, l'Algérie, faut-il malheureusement se résigner, se retrouve à nouveau quasiment sous la menace d'un effondrement de ses équilibres extérieurs. Et au train où vont les choses, le pays risquerait même de tomber à nouveau sous le joug de l'endettement, voire des conditionnalités du FMI et de ses indissociables cures d'austérité forcée.