Organisée sous l'égide de la CCI Dahra et en étroite collaboration avec l'ambassade des Pays-Bas à Alger, une rencontre sur les perspectives de croissance et la diversification de la filière pomme de terre s'est tenue en fin de semaine au siège de l'APW de Mostaganem. Dans une brève intervention, Redha Allel, le directeur de la CCI Dahra, a tenu à remettre en perspective l'important rôle de la région de Mostaganem dans le développement de cette culture hautement stratégique pour le pays. Rappelant que la région importe plus de 80% de la semence et se trouve aux premières lignes grâce à la précocité que lui procure un climat maritime très favorable. Lui succédant, Frans Bijvoet, ambassadeur des Pays-Bas, a souligné la qualité et l'ancienneté des relations entre nos deux pays, soulignant le rôle particulier de la lutte pour la domination de la Méditerranée que nos deux pays disputaient alors à l'Espagne et à sa redoutable «Armada». Le diplomate soulignera également que son pays était le premier fournisseur de semence de pomme de terre de l'Algérie et que dans le domaine de l'exportation des produits agricoles, la Hollande se classait à la seconde place derrière les USA. Il ajoutera avec force que son pays était bien décidé à soutenir et à accompagner le développement de l'Algérie, citant, à titre d'exemple, l'apport d'experts relevant de l'ONG PUM, dont P. Verheij, expert chevronné qui sera le principal conférencier de cette importante manifestation. En effet, c'est ce dernier qui animera une longue intervention portant sur la transformation de la pomme de terre dans le monde, les principaux produits transformés ainsi que les caractéristiques du marché, les perspectives de transformation en Algérie, ainsi que les différents procédés, leurs coûts, leurs rendements, leurs contraintes et les coûts et amortissements des différentes technologies. De son côté, Saïd Amrar, directeur de l'Institut des cultures maraîchères au ministère de l'Agriculture, fera un exposé exhaustif sur la filière, mettant particulièrement l'accent sur les performances réalisées ces dernières années et qui ont fait passer la consommation par habitant de 55 kg/an à 110 kg/an. Abordant le volet de la semence, il dira que la principale contrainte que rencontre le secteur est la faible maturation physiologique des tubercules importés qui séjournent faiblement sous froid, du fait que les récoltes étant concentrées sur les mois de septembre-octobre, la semence destinée au marché algérien est disponible dès le mois de novembre. L'expert dira sa large préférence pour des semences produites localement, surtout lorsque le séjour en chambre froide passe de 2 mois à 5 ou 6 mois, ce qui favorise la germination de plusieurs bourgeons. Le responsable rappellera qu'en 62, l'Algérie produisait 200 000 tonnes, dont le tiers partait vers l'exportation, ajoutant que cette année, la production a atteint les 5 millions de tonnes, bien loin derrière la Chine (55 millions), l'UE (50 millions), la Russie (31 millions), les USA et l'Inde (22 millions chacun) et la Pologne (20 millions de tonnes). Pour ce qui est des rendements, Saïd Amrar soulignera les écarts entre les cultures de primeur, de saison et d'arrière-saison, soulignant l'apport majeur des fellahs d'El Oued qui obtiennent des rendements moyens de 35 t/ha, contre seulement 28 t/ha pour les Hauts-Plateaux et la bande côtière. Lors des débats, les modiques quantités exportées durant la saison écoulée ont été évoquées par certains intervenants et autres opérateurs pour qui le marché extérieur constitue une panacée. Provoquant une réaction de la part d'un universitaire qui a tenu à rappeler qu'à l'origine, l'exportation des produits agricoles servait de base au système colonial, ajoutant que le marché intérieur était suffisamment attractif, voire concurrentiel du marché à l'exportation. Curieusement, c'est l'ambassadeur des Pays-Bas qui abondera dans la même direction, soulignant avec force que l'Algérie devrait d'abord veiller à assurer sa propre sécurité alimentaire. Présent durant la manifestation, un producteur rappellera que, durant la dernière campagne, les cours ont chuté au point que des fellahs sont actuellement poursuivis en justice pour défaut de remboursement des frais auprès des importateurs de semence, ajoutant que les opérateurs n'ont fait que profiter d'une abondante production, de surcroît achetée à vils prix.