L'université M'hamed Bougarra de Boumerdès (UMBB), a été le théâtre de plusieurs actions de protestation ces derniers jours. Après une rentrée universitaire très mouvementée, des centaines d'étudiants sont montés au créneau cette semaine pour réclamer des solutions aux problèmes pédagogiques et l'amélioration des conditions d'hébergement dans les cités U. Le mécontentement a gagné surtout les étudiantes de la résidence universitaire Ziani Lounès, sise au chef-lieu de wilaya. Les protestataires ont observé une grève durant cinq jours en signe de colère contre la mauvaise qualité des repas, le manque de douches, la pénurie d'eau potable, la détérioration des pavillons, la fermeture de la salle de lecture, l'absence de connexion internet et le payement de pénalités non prévues par la réglementation. Les résidentes ont improvisé plusieurs sit-in devant la résidence et revendiquent le départ de sa directrice, Mme Tafat, à laquelle elles reprochent de «n'avoir rien fait pour répondre à nos doléances». Certaines l'accusent d'avoir «percuté volontairement trois de leurs camarades avec son véhicule au moment où elle s'apprêtait à sortir de la résidence». Les événements ont failli prendre d'autres tournures à cause, notamment, du silence de l'administration et les tentatives de récupération du mouvement par certaines étudiantes appartenant aux organisations satellitaires proches des partis politiques au pouvoir. Dimanche dernier, des escarmouches ont en effet éclaté devant le portail de la résidence entre les partisanes de la grève et celles qui défendent le maintien de la directrice. D'autres incidents presque similaires ont également eu lieu le lendemain suite à la fermeture, pour la 2e journée consécutive, de la faculté des Sciences (ex-Inim) et celle des hydrocarbures par des étudiants qui se déclarent solidaires avec leurs camarades de ladite cité. Il faut dire que le blocage des accès aux facultés de l'UMBB, d'une capacité globale de 29 000 places, est devenu un fait banal auquel recourent les étudiants au moindre problème avec l'administration. Avant-hier, une déclaration a été rendue publique par le collectif des étudiants et par le biais de laquelle ils condamnent «toutes les actions vandales et toute sorte de manipulation d'où qu'elle vienne et quels que soient leurs objectifs». Interrogée, la directrice de la résidence sus-mentionnée souligne que «les résidentes ont été manipulées par un ou des gens ayant des objectifs non avoués». Mme Tafat se dit «prête à entamer un dialogue avec les concernées», en précisant que «les conditions d'hébergement se sont nettement améliorées depuis ma venue il y a 2 ans ». Il est à noter que les carences sus-mentionnées sont signalées au niveau de toutes les autres cités U de la région. Les étudiants que nous avons apostrophés soulignent que rien ne leur donne envie d'y rester si ce n'est la contrainte de l'éloignement de leur domicile familial. Ces cités universitaires, réalisées à coups de milliards par les pouvoirs publics, accusent un manque criant en matière de commodités. Ceux qui résident à la cité U de Zemmouri se plaignent surtout du manque de bus et l'absence de chauffage et de douches, alors que leurs camarades de la cité de l'ex-INH se disent durement pénalisés par l'absence de chauffage et de connexion internet dans les chambres. Au plan pédagogique, des étudiants de différentes spécialités observent des grèves régulièrement pour dénoncer la complexité et le non-respect des modalités d'application du système LMD par l'administration ainsi que la limitation d'accès aux études de master.