Le ministre de l'Education nationale vient de déterrer la hache de guerre avec les syndicats autonomes. Après un premier trimestre «plutôt calme», dénué de longues grèves qui ont caractérisé les années scolaires passées, le ministre de l'Education nationale, qui a multiplié les sorties médiatiques ces derniers jours, a suscité l'indignation des enseignants et autres fonctionnaires du secteur qu'il a accusés de «faire de la politique» devant les membres du Conseil de la nation. Les représentants des syndicats autonomes refusent de tolérer «ce dépassement». Selon M. Meriane, les syndicat autonomes «font effectivement de la politique, mais pas de la politique partisane». «Nous ne faisons qu'exercer notre droit de défendre nos intérêts socioéconomiques et lutter pour une école moderne et équitable. Si c'est ça faire de la politique, alors nous le faisons, et il n'y a aucun mal à cela», lâche M. Meriane, président du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest), visiblement furieux contre la politique de «la fuite des problèmes prônée par Baba Ahmed qui a laissé de côté tous les dysfonctionnements du secteur et tente de manipuler l'opinion publique en voulant discréditer les syndicalistes». De son côté, Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), s'interroge sur les motivations du ministre qui accuse les syndicats d'exercer de la politique «alors que c'est un droit garanti par la Constitution algérienne». Les enseignants et autres fonctionnaires du secteur devraient-ils être interdits d'exprimer leurs doléances socioprofessionnelles sous prétexte qu'ils exercent de la politique ? Quelle est la limite, réellement, entre le syndicalisme et la politique ? Les syndicats autonomes estiment que le ministre fait dans la provocation : «En demandant à être associés dans la tripartite dont la tenue a été annoncée pour ce mois de décembre, nous avons été accusés de tous les maux, pourquoi Baba Ahmed n'accuse-t-il pas l'UGTA qui affiche ses soutiens politiques depuis longtemps ?» En guise de réponse «à cet intolérable dépassement», les syndicats autonomes préparent des actions de protestation. Le Snapest appelle à un sit-in le jour de la tenue de la tripartite. Le Syndicat national des corps communs et des ouvriers professionnels de l'Education nationale projette lui aussi un rassemblement le jour de la tripartite pour dénoncer «l'exclusion» des syndicats autonomes de cette réunion «où des acquis peuvent être remis en cause, tels que l'âge de départ la retraite et le droit à la grève», selon M. Achour. «Tous les syndicats autonomes représentant la Fonction publique sont exclus de ce rendez-vous qui va être décisif pour certains acquis. Les travailleurs du secteur doivent se contenter de la représentation de l'UGTA alors que le patronat est représenté par 10 organisations. C'est illogique», estime Messaoud Amraoui, secrétaire national de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef). Ce syndicat, qui dénonce les «propos inappropriés du ministre de l'Education nationale devant les sénateurs», annonce une grève ouverte à partir du 31 décembre «si le ministre de l'Education ne donne aucune réponse concrète aux revendications du syndicat concernant au moins les corps communs, les dysfonctionnements dans la promotion des travailleurs, en attendant la réouverture du chantier de la révision du statut».