Les résultats de la tripartite, qui a regroupé le gouvernement, l'UGTA et les organisations patronales, n'ont pas convaincu les syndicats autonomes. Ils sont revenus sur la revalorisation du SNMG à 15.000 dinars, l'article 87 bis relatif à la fonction publique et la représentation syndicale évoquée lors de la conférence de presse tenue par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, à l'issue des travaux de la tripartite. Contacté hier par téléphone, Meziane Meriane, le SG du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), affirme ne pas «être étonné de ces résultats, dès lors que la revalorisation du SNMG, déjà décidée en coulisses, n'aura aucun impact palpable pour les travailleurs ». En ajoutant que «tout a été orchestré de façon à ne pas abroger l'article 87 bis pour empêcher les fonctionnaires de bénéficier d'une quelconque augmentation». Il a soutenu que «ceux qui vont en bénéficier, ce sont ceux qui ont le salaire mensuel indexé sur leur salaire de base. Les travailleurs de la Fonction publique ne vont pas en bénéficier, comme le prétend le Premier ministre. C'est surtout les retraités et les moudjahidine». Le SG du Snapest a également réagi aux propos du chef de l'exécutif qui a considéré les syndicats autonomes non représentatifs sur le plan national, contrairement à l'UGTA, arguant que ces entités syndicales opèrent à un niveau sectoriel. Le responsable syndical rétorque en indiquant qu'«il est vrai que nous négocions avec les différents ministères, mais dès qu'on aborde le sujet du salaire, on nous renvoie au Premier ministre. Que doit-on faire dans ce cas si nous sommes exclus de ces discutions nationales ?». Meziane Meriane déplore que «Ouyahia trouve exagéré les 40.000 dinars pour lequel ont plaidé les syndicats autonomes. Nous lui disons que nous ne sommes pas responsables de la gestion de l'économie nationale et que ce montant est le résultat d'une étude pragmatique et en rapport avec la réalité. Et même l'UGTA, qui se positionne comme l'unique partenaire social, a plaidé pour un salaire de 35.000 dinars ». En s'interrogeant : «Par quel miracle, un smicard arriverait-il à vivre avec 15.000 dinars et comment le gouvernement est arrivé à cette conclusion ?» Il enchaînera: «J'aurais voulu voir un tableau explicatif des dépenses qu'on pourrait faire avec ce montant. Il me semble que c'est de la gymnastique que devra faire le smicard qui a quatre enfants. S'il achète les vêtements, il devra se passer de nourriture ; s'il achète de la nourriture, il ne devra pas payer les charges de l'électricité, de l'eau, du gaz et j'en passe». Notre interlocuteur conclut non sans une pointe d'ironie: «Pour nous, cette tripartite, c'est la montagne qui a accouché d'une souris !». Même son de cloche au sein de l'intersyndicale, qui a dû annuler un sit-in devant la résidence El-Mithak «pour cause de mauvaises conditions climatiques». C'est ce que nous a affirmé le SG du Satef, Sadali Mohamed Salem. « Nous avons programmé ce rassemblement au deuxième jour de la tripartite pour manifester notre mécontentement quant à notre marginalisation. Mais malheureusement, pour cause de pluies torrentielles survenues jeudi, les gens venant de l'intérieur ont été bloqués sur la route. Nous avons décidé d'appeler les gens, un à un, au téléphone, pour qu'ils rebroussent chemin. Mais cela ne veut pas dire que nous arrêtons pour autant notre combat». Concernant les résultats des travaux de la tripartite, notre interlocuteur ne mâche pas ses mots : « Nous le disons et nous le répétons : pour nous, c'est un non-événement. Les parties qui négocient dans ce cadre cherchent à établir une paix sociale fictive. Le pacte social et économique est une grande désillusion et ils vont encore en signer un autre pour quatre ans. Quant à Ouyahia qui prétend que nous représentons uniquement des secteurs et que nous ne sommes pas représentatifs de tous les travailleurs, je lui répondrai que nous avons toujours privilégié la voix légale et par deux fois nous avons déposé le dossier pour la création d'une confédération des syndicats autonomes. En dépit du droit inaliénable que nous garantit la Constitution dans ce sens, le gouvernement refuse toujours de nous l'accorder. Mais quoi qu'il en soit, nous avons prouvé que nous sommes représentatifs sur le terrain». Idir Achour, porte-parole du CLA, abonde dans le même sens. « Depuis que l'UGTA, déclare-t-il, a signé le pacte économique et social avec le gouvernement, rien n'a été réalisé. Au contraire, nous glissons vers un terrain dangereux qui touche à nos acquis démocratiques. Nous ne nous faisons pas d'illusions. Il y a eu treize tripartites et aucune n'a abouti à une véritable politique salariale et encore moins à relancer l'économie et à booster le pouvoir d'achat».