Dans ces deux cités, classées parmi les plus populeuses de la ville, le constat est le même depuis des années : un cadre de vie déplorable, des centaines de familles dans des chalets d'amiante et une insécurité en hausse. La tournée d'inspection du wali de Constantine, Hocine Ouadah, effectuée jeudi dernier, dans les quartiers populaires de Benchergui, El Gammas et Sissaoui, lui a certainement permis de s'imprégner de la dure réalité d'une ville qui croule sous de nombreux problèmes, malgré les sommes colossales investies chaque année dans des projets de développement. La plupart de ces derniers traînent toujours en raison de l'incompétence ou du laxisme de nombreux responsables. A la cité Benchergui, les différents projets inspectés par le wali connaissent pour la plupart des retards considérables à l'image des nouveaux sièges des P et T et de l'annexe du secteur urbain, qui traînent depuis plus de 3 ans. Le siège de la sûreté urbaine, réclamé par les habitants en raison de l'insécurité qui règne dans le quartier, accuse lui aussi un retard de 4 mois et un taux de réalisation de 50 % seulement. Des habitants du lotissement El Djebass, le plus important de la cité Benchergui avec 771 lots et une population de 5400 habitants, déplorent par ailleurs la surcharge des classes, avec près de 50 élèves par salle dans les écoles primaires Mohamed Touati et Rahem Larroussi. Ils nous ont évoqué également des perturbations dans l'alimentation en eau potable qu'ils ne reçoivent qu'une ou deux fois par semaine. Ces mêmes habitants déplorent l'état lamentable des différentes voies d'accès à l'intérieur de la cité en plus de l'absence d'aires de jeu ou de terrains de sport pour les jeunes. A noter que lors de cette visite à Benchergui, le wali a inspecté le projet de réalisation d'un lycée de 1000 places pédagogique dont le budget prévisionnel est estimé à 500 millions de dinars pour un délai de 12 mois. Devant les difficultés rencontrées par le maître d'ouvrage pour entamer les travaux en raison de la nature instable du site, le wali a suggéré aux responsables du projet de réaliser le lycée en préfabriqué, ce qui permettrait d'en diminuer le coût et les délais de réalisation. Grogne à El Gammas A El Gammas, deuxième étape de sa visite, le wali et la délégation ont été violemment pris à partie par les habitants des chalets dits d'amiante qui sont venus en nombre crier leur colère à la face des autorités de la ville au moment de la présentation du projet de réhabilitation de leurs chalets. Ils ont exigé que le wali se déplace dans le quartier pour voir l'état dans lequel se trouvent leurs habitations et de se rendre compte de visu de l'ampleur de leur détresse. Pour rappel ces chalets au nombre de 2200, abritant 4537 familles ont fait l'objet d'une étude de réhabilitation, finalisée au début de l'année 2012. Aux termes de cette étude, il a été prévu d'octroyer une aide de 700 000 DA pour chaque famille pour la reconstruction. Une aide que les habitants estiment dérisoire. Ces derniers affirment par ailleurs que le nombre des familles recensées dans les chalets d'El Gammas ne reflète pas la réalité et exigent, pour certains, une nouvelle opération de recensement. D'autres, par contre, refusent de rester à El Gammas et revendiquent des logements sociaux dans le cadre du programme de résorption de l'habitat précaire. Des habitants d'El Gammas n'ont pas manqué également d'évoquer l'état lamentable des routes de leur cité, qui ne possède d'ailleurs qu'une seule entrée en plus de l'insécurité qui y règne. Des bandes de voyous, selon leurs propos, ont élu domicile sur le site qui abritait le bidonville dit des 300 gourbis, jouxtant leur cité, évacué au début de l'année en cours, mais dont les déblais n'ont pas été enlevés, et qui servent d'abris aux délinquants des quartiers environnants. L'un des habitants nous a affirmé que l'actuel P/APC, dont la famille réside à El Gammas, a donné ordre de bitumer la route menant à la demeure de ses parents sur une bonne centaine de mètres, alors que toutes les voies du quartier ressemblent, comme on a pu le constater, à de véritables chemins de traverse. La visite du wali a été marquée aussi par l'inspection du projet de protection des cités El Gammas et Benchergui contre les eaux de crue. Une opération dont le coût évalué à 900 millions de dinars connaît aussi un retard dans sa réalisation.