Lors d'une visite d'inspection effectuée dans la ville en 2006, le wali de Constantine avait bien promis de « raser » tout le quartier l Plus de 300 familles attendent toujours... Trente ans, barakat », a lancé un habitant de la cité Sotraco, située en contrebas du siège du secteur urbain de Boudraâ Salah, pour exprimer le ras-le-bol, et surtout une patience qui a atteint ses limites. On rappelle toujours, pour l'histoire, que les chalets de ladite cité, construits en 1979 afin d'abriter les familles sinistrées de Souika, Rahbet Essouf et Echaraâ, pour une période transitoire ne devant pas excéder 5 ans, ont largement dépassé leur durée de vie. En plus des conditions de vie déplorables, sous une toiture en amiante, le site, reposant sur un terrain glissant, connaît une dégradation continue. Trente ans après, plus de300 familles vivent dans des conditions pénibles et attendent toujours d'être relogées. La décision prise en juin 2007 de ne faire évacuer qu'une partie du site n'est pas passée sans faire des mécontents. « Nous ne comprenons pas sur quelle base la wilaya a décidé de déloger uniquement une partie de la cité ; aucune commission n'est venue recenser les concernés », s'expriment des habitants. Plusieurs familles, qui nous ont invités à visiter leurs demeures, ont évoqué de nombreux cas de riverains atteints d'allergies et autres maladies respiratoires causées par l'amiante utilisé dans la construction des chalets. Selon certains résidants, « la région est sérieusement affectée par des glissements de terrain bien apparents, depuis la station de pompage de l'ADE, située sur la partie supérieure, jusqu'à la vallée se trouvant en contrebas de la cité, ce qui a provoqué des fissurations importantes sur les murs et les toitures ». L'on peut constater de visu des couches d'amiante bien apparentes et dont les poussières envahissent les chambres. « Nous vivons toujours dans la crainte d'être atteints par des maladies respiratoires », s'exclame un voisin, en exhibant une pile de correspondances adressées aux autorités de la ville, mais restées lettre morte. Les riverains dénoncent aussi l'état d'une douzaine de commerces, construits depuis plusieurs années mais abandonnés par leurs locataires à cause de l'insécurité qui y règne, car devenus des lieux de débauche et de consommation de psychotropes, à quelques encablures seulement du commissariat du secteur de Boudraâ Salah. « C'est un véritable gâchis pour les jeunes chômeurs de la cité, alors qu'on continue de construire des locaux un peu partout dans la ville », s'indigne un passant. En plus de l'état de la route qui se dégrade encore plus avec les multiples fuites d'eaux souterraines, le problème d'alimentation en eau potable est venu compliquer la vie des citoyens. « Nous sommes privés d'eau depuis sept ans ; les gens s'alimentent à partir de la conduite dégageant le trop-plein d'eau du réservoir de la station de pompage dominant la cité », nous disent les résidants de la cité Sotraco. Chose que nous avons pu constater sur place. L'eau qui se déverse sur une fosse remplie de déchets demeure tout de même de qualité douteuse. Deux bidons, découpés sous forme d'entonnoirs, sont accrochés à la conduite. De leurs extrémités partent deux longs tuyaux qui descendent la pente pour alimenter les chalets situés plus bas. « Les deux tuyaux passent vers les habitations à tour de rôle. Avec un débit aussi faible, il est impossible de satisfaire tout le monde, ce qui conduit à des disputes inévitables ; ceci sans parler des risques de contamination », s'indignent les riverains.