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«L'Algérie veut rester un exportateur important»
Francis Perrin. Président de Stratégies et politiques énergétiques, directeur de la rédaction de Pétrole et gaz arabes
Publié dans El Watan le 14 - 12 - 2013

Dans cette interview, Francis Perrin nous livre son avis sur le développement du partenariat des réserves de pétrole et de gaz non conventionnels, dans le cadre du quatrième appel d'offres pour la recherche et l'exploitation des hydrocarbures.
- L'Algérie envisage de développer, en partenariat, des réserves de pétrole et de gaz non conventionnels dans le cadre du quatrième appel d'offres pour la recherche et l'exploitation des hydrocarbures. Cette option est-elle justifiée, à votre avis, et quelles perspectives pourrait-elle ouvrir à l'Algérie ?

Cette annonce ne constitue pas une surprise puisque la loi de février 2013, qui a modifié la loi de 2005 sur les hydrocarbures, contenait certaines dispositions tournées vers les hydrocarbures non conventionnels. De plus, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, s'est exprimé à plusieurs reprises sur ce sujet et a indiqué que ces sources devraient être intégrées dans la politique énergétique algérienne. Le raisonnement est le suivant : l'Algérie veut être en mesure de faire face, y compris dans le long terme, à une forte hausse de sa demande énergétique domestique et veut demeurer un important exportateur d'hydrocarbures, notamment vers le marché européen.
C'est dans ce cadre que le recours au pétrole et au gaz non conventionnels est envisagé. Il fait d'ailleurs partie d'un ensemble qui inclut aussi la montée en puissance des énergies renouvelables, en particulier l'énergie solaire et, à plus long terme, l'énergie nucléaire. Pour explorer et exploiter ces hydrocarbures non conventionnels, l'Algérie a besoin d'attirer des investissements étrangers, surtout pour des raisons d'accès aux technologies adaptées. La politique de partenariat avec des compagnies pétrolières étrangères n'est pas nouvelle puisqu'elle remonte à la loi de 1986. Il s'agit, pour les autorités algériennes, d'élargir le champ de ces partenariats aux hydrocarbures non conventionnels. Il est probable que l'Algérie contrôle un potentiel important ou très important en matière de gaz non conventionnels (gaz de schiste ou gaz contenu dans des réservoirs compacts). L'objectif est clairement de renouveler et d'accroître les réserves gazières du pays pour contribuer à résoudre les deux défis-clés évoqués ci-dessus.

- L'Algérie a annoncé cette année plus d'une vingtaine de découvertes d'hydrocarbures. Comment expliquer alors le recours au pétrole et au gaz non conventionnels, par le biais notamment de partenariat dans le cadre de l'exploitation des réserves tight ? L'Algérie a-t-elle besoin de le faire de façon aussi urgente ?

Vous avez tout à fait raison. Il continue à y avoir beaucoup de découvertes de pétrole et/ou de gaz naturel en Algérie, notamment par Sonatrach. C'est un point positif, mais il faudrait aller plus loin. Il y a le nombre des découvertes et il y a aussi leur taille. Un nombre important de découvertes de petite ou moyenne taille ne sera pas suffisant. L'exploration doit être intensifiée – n'oublions pas que le pays est encore largement sous-exploré et que certaines zones sont vierges ou quasiment vierges – mais l'un des espoirs liés au pétrole et au gaz non conventionnels, c'est de découvrir des accumulations de grande taille. A ce jour, cela reste un espoir, bien sûr, ce n'est pas une certitude. Seuls des travaux d'exploration permettraient de confirmer ou d'infirmer que le potentiel algérien est bien au rendez-vous.

- Le nouveau segment de recherche et d'exploration va-t-il trouver, d'après vous, un bon écho chez les partenaires étrangers ?

Les hydrocarbures non conventionnels intéressent beaucoup l'industrie pétrolière internationale, comme on le voit aux Etats-Unis évidemment, mais aussi au Canada, au Venezuela et dans quelques autres pays. Nous vivons dans un monde assoiffé d'énergie, notamment de pétrole et, au fur et à mesure que des gisements de pétrole et de gaz conventionnels s'épuisent, les compagnies vont vers le non-conventionnel pour remplacer leurs réserves et satisfaire une demande mondiale en croissance tant pour le pétrole que pour le gaz, du fait des besoins des pays émergents. Les milieux pétroliers internationaux savent que le potentiel algérien est vraisemblablement très significatif, surtout pour le gaz ; la loi de 2013 contient quelques dispositions intéressantes qu'il faut faire connaître et valoriser. Il reste à voir si les conditions contractuelles offertes par l'Algérie seront jugées suffisamment compétitives dans l'absolu et par rapport à d'autres pays producteurs et à étudier les permis ou projets qui seront inclus dans l'appel d'offres. Leur choix sera crucial pour la réussite du futur appel d'offres. Mais n'oublions pas que celui-ci ne sera pas axé à 100% sur le non-conventionnel. L'Algérie présente encore de nombreuses opportunités en matière d'exploration d'hydrocarbures conventionnels.


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