Le texte va permettre d'accroître les réserves de l'Algérie en gaz et pétrole. Contacté, l'ancien PDG de Sonatrach a dressé un plaidoyer en faveur des amendements à la loi sur les hydrocarbures et la confirmation du potentiel algérien en gaz de schiste. “à mon avis, les amendements sont vraiment positifs, parce qu'ils ne concernent pas les gisements actuellement en exploitation, c'est-à-dire aussi bien Sonatrach que ses partenaires, et par conséquent non seulement l'essentiel des recettes pétrolières actuelles du pays, mais aussi la stabilité des contrats d'association actuels, ce qui devrait rassurer tous les partenaires. Ces aménagements ont pour objectif de permettre l'accroissement des efforts d'exploration vers tous les types d'hydrocarbures très complexes à trouver et à développer. Il ne s'agit pas seulement du gaz de schiste, mais aussi des réservoirs compacts ("tight gas"), des gisements de petite taille et donc non rentables actuellement, et de tout autre hydrocarbure pouvant être découvert dans des zones complexes peu explorées comme les zones nord du pays ou l'offshore. Et c'est pour cela que ça nécessite aussi bien de nouvelles technologies que des investissements très importants. L'ère du pétrole et du gaz faciles et pas chers est finie, et tout ce qui peut être entrepris aujourd'hui est destiné à augmenter les réserves nationales et garantir l'indépendance énergétique du pays au-delà de 2030. Sur le gaz de schiste, c'est en spécialiste qu'il aborde la problématique. Il connaît mieux la question pour avoir travaillé sur le terrain pendant trente ans en tant qu'ingénieur géologue, puis directeur de l'exploration à Sonatrach et PDG de Sonatrach. “Personnellement, j'en suis absolument convaincu, parce que je considère qu'il s'agit tout simplement de gaz identique à celui que nous produisons actuellement, sauf qu'il est renfermé dans des réservoirs imperméables nécessitant des techniques de production plus complexes et plus chères que celles habituellement utilisées. Pour le moment, les amendements introduits ont tout simplement permis de définir ce que sont les hydrocarbures non conventionnels ainsi que les conditions contractuelles, fiscales et environnementales de leur éventuelle exploitation. Cela ne surviendra que s'ils deviennent rentables, et dans le meilleur des cas au-delà de 2025-2030. D'ici là, nos réserves actuelles seront largement suffisantes, mais il faut réfléchir et décider maintenant comment remplacer ce qui sera produit et pourquoi pas aller au-delà, comme cela s'est passé au cours des années 90." L'ancien PDG de Sonatrach estime que le nouveau cadre fiscal ne suffit pas pour amorcer une réelle dynamique dans le secteur énergétique algérien. “Je pense que le nouveau cadre réglementaire et fiscal qui en sortira sera favorable du point de vue attractivité en partenariat et permettra de relancer de façon sensible l'effort de recherche et d'investissement en amont. Mais il faudra nécessairement qu'il soit aussi accompagné par d'autres réformes et mesures d'accompagnement au sein du secteur hydrocarbures lui-même : renforcement des moyens humains surtout, une organisation plus autonome avec de véritables prérogatives entre les mains des cadres et des techniciens, stimulation de l'initiative, des investissements urgents sur les gisements actuels au point de vue management des réservoirs et récupération. C'est de cette façon et pas seulement avec une loi que les réserves seront augmentées et assureront l'avenir énergétique du pays. Il faudra aussi activer la publication des textes d'application de la loi et en finir avec les retards connus à ce jour." s. s.