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Samir toumi. écrivain : «Alger est une ville qui se mérite !»
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Publié dans El Watan le 21 - 12 - 2013

Autour d'un premier livre étonnant qui va de la ville à la vie.
-Vous venez de publier Alger, le cri. Qu'est-ce qui vous a poussé à passer le cap de l'écriture pour soi à l'écriture publique ?
La réponse à votre question n'est pas simple. L'envie d'écrire ce texte est apparue subitement en avril 2010. J'ai terminé sa première mouture le 14 janvier 2011, date de la destitution du président tunisien Ben Ali. Avais-je senti une vibration ? A l'époque, je faisais de nombreux allers-retours entre Alger et Tunis. Très rapidement, j'ai décidé que ce texte devait être publié. J'avais très envie de le partager, de recueillir des échos, presque comme une confession, car j'ai dès le départ pris le parti d'aller vers une forme de vérité, à travers l'introspection et le questionnement.
-Ce récit, au titre évocateur sinon provocateur, est centré sur la capitale algérienne, cette ville qui semble vous habiter…
Elle m'habite en effet, et j'en ai pleinement pris conscience en écrivant ce récit. Mon livre parle de la difficultéà trouver la parole, l'expression, à travers la métaphore du cri que je cherche en arpentant Alger. En parlant de ma ville par l'évocation des lieux de mon enfance et de ma vie d'adulte, j'ai pu découvrir ce lien fusionnel qui me lie à elle. Tout au long du récit, Alger a presque été mon thérapeute. Elle m'a accompagné dans ma quête existentielle, en jouant tous les rôles pour moi : celui de la mère exigeante et autoritaire parfois, de la maîtresse envoûtante d'autres fois, de la harpie… J'évoque aussi Alger à travers ce serpent qui m'étouffe de ses anneaux, avec toute la symbolique que cela implique. Ce lien fusionnel avec Alger est un lien d'amour, qui peut parfois se transformer en rejet et en haine. Je crois que beaucoup d'Algérois ont ce rapport profond et ambigu à Alger.
-A voir des lieux, des territoires très présents dans votre livre, cela laisse penser que vous êtes obsédé par les rues, les divers escaliers, les quartiers… Alors pourquoi cette relation aussi forte ?
Il faut dire que la géographie d'Alger est exceptionnelle. Je ne me lasse pas de la contempler et de l'arpenter. C'est une ville qui ne laisse personne indifférent. Comme Confucius, je pense que notre personnalité et notre caractère sont forgés par la géographie du lieu qui nous a vu naître et grandir et, en effet, Alger est le reflet de l'Algérois : complexe, difficile d'accès, attachant, pudique, ténébreux, authentique, parfois violent, passionné, généreux... Je suis quotidiennement bouleversé par Alger, par ces moments de grâce que l'on découvre au détour d'une ruelle, d'un sourire, d'un escalier, d'une expression ou d'un regard, et qui illuminent bien des journées difficiles. Alger est une ville qui se
mérite !
-La relation que vous décrivez n'est pas seulement une relation d'amour, ce que l'on peut comprendre. Vous faites preuve aussi, à travers les pages, d'un rejet, voire d'une haine. Pourquoi tant de sentiments contradictoires ?
Parce que l'amour nous rend dépendant et vulnérable. Alors on se révolte parfois contre l'être aimé. On lui reproche notre dépendance, notre fragilité. On lui reproche de ne pas constituer l'être parfait, on a peur de ne pas être suffisamment aimé par lui, de ne pas trouver sa place dans la relation qui nous lie à lui. Pour moi, amour et haine vont de pair. J'ai aussi compris que ce rapport ambigu, parfois conflictuel, que nous entretenons avec le lieu où nous vivons, n'est pas si grave que cela, et que chacun est finalement là où il doit être.
-Il y a dans cet ouvrage une telle personnification de la ville d'Alger que l'on est amené à se poser la question suivante : n'est-elle pas votre personnage principal ?
Je ne pense pas qu'Alger soit le personnage principal. Ce livre trouve peut-être un écho chez le lecteur parce qu'il évoque la complexité de nos histoires personnelles, la profondeur du rapport qui nous lie à notre ville, notre pays. Alors, plutôt qu'Alger, je dirais que le personnage principal de ce récit est l'Algérien.
-Oui, mais au fond, est-ce que le personnage principal n'est pas l'auteur lui-même ?
Disons que je suis le médiateur. En évoquant mon rapport à la ville, ma quête existentielle, mes souvenirs, ma difficulté à dire, à trouver la parole, mon évocation des lieux, des odeurs et des sons, je me mets en avant, en espérant que ce voyage intérieur – moi – et extérieur – la ville – fasse écho au lecteur et le confronte à son propre vécu.
-J'ai pu ressentir cela en vous lisant. Vos phrases sont courtes, percutantes, souvent répétitives. Est-ce que ce style est étudié, pensé ? Ou est-ce un premier jet et ce sont vos tripes qui font que vous écrivez vite, dans un déroulé où un terme enchaîne une idée et ainsi de suite comme un collier de perles ?
J'ai mis trois années et demie à finaliser ce livre. Chaque mot, chaque virgule, chaque point de ce texte ont été pensés. La difficulté en écriture est d'être à la fois dans le lâcher-prise et dans le recours à la technique pour obtenir la fluidité et la musicalité voulue.
C'est aussi une exigence quotidienne que de sans cesse réécrire jusqu'à obtenir l'équilibre et le rythme voulus. J'ai par ailleurs tenté de rendre hommage à la circularité de la langue arabe, à l'accumulation des répétitions de mots, pour créer un rythme et une musique proches de la litanie.
-Un temps dans le récit, vous quittez Alger pour aller du côté d'un village en Kabylie, faisant sortir le lecteur de l'introspection citadine. Pourquoi ce détour ? Etait-ce primordial pour vous ?
J'ai écrit au fil des événements qui se sont succédé durant cette période. Le parti pris était d'être sans cesse dans une forme de vérité. J'ai donc évoqué Bordj Menaïel, car les événements m'ont guidé vers la terre de mes ancêtres, là où j'ai trouvé cette source, et auprès d'elle une forme d'apaisement.J'ai vécu ce voyage presque comme un aboutissement à mes déambulations dans Alger, une forme de retour au point initial, au pied de cette montagne d'oliviers, que je contemplais de ma terrasse. L'évocation de ces moments s'est donc imposée à moi comme une évidence et constituait une progression logique dans mon récit.
-Votre roman est parsemé de photos d'Alger en noir et blanc, une idée originale à première vue. Pourtant, le texte se suffisait à lui-même, car le lecteur peut, grâce à vos descriptions, même hâtives, se faire ses propres images d'Alger. Quelle était votre motivation ?
L'éditeur m'a proposé d'utiliser mes propres photos d'Alger et d'inclure des photos de famille, comme des petites pierres semées ça et là dans le récit. La démarche m'a intéressé. J'ai adoré le fait de sélectionner ces images, de les incruster dans le texte, d'en faire des points d'ancrage pour le lecteur, ou au contraire de lui permettre d'extrapoler ses propres images mentales.
-L'immeuble de l'Aérohabitat est très présent, autant par le texte que la photo. Pourquoi cette obsession avec cet immeuble ?
Parce je le trouve assez emblématique d'Alger. La vue de cet immeuble est à couper le souffle, son architecture, ses coursives interminables, sa structure en dénivelé qui épouse le relief compliqué de la ville, ses dédales incroyables, reflètent parfaitement la complexité d'une ville comme Alger, presque comme un écho. Dans l'Aérohabitat, j'ai toujours l'impression d'être un géant marchant sur la ville et écrasant les immeubles, ou d'être sur le pont d'un paquebot immobile, prêt à quitter la ville.
Belle image… Comme cette phrase : «J'adopte la mine fermée qui me permettra de circuler incognito dans ses rues et entre voiles et casquettes, niqabs et kamis, jeans et jupes d'été, je m'insère dans le défilé affairé de mes congénères». Elle exprime fort bien une réalité.
-Mais est-ce une constatation ou une critique de l'évolution de notre société ?
Ce n'est absolument pas une critique, mais bien une constatation. J'aime la diversité de la rue algérienne et, en effet, je m'y sens bien. Je voulais surtout évoquer la notion de place et d'intégration dans le flot, et comment parfois on a l'impression de faire partie d'un tout. Au milieu de la foule, je me sens comme un globule rouge dans les rues d'Alger, j'aime imaginer que ces ruelles sont des vaisseaux sanguins, et que ces vaisseaux forment le corps d'Alger. J'aime cette proximité, cette appartenance.
-Alger est une ville qui se développe à une vitesse terrifiante. Est-ce que cela vous stresse par rapport à ce qu'était l'Alger de votre enfance ?
Absolument pas ! La nostalgie est un concept qui m'est totalement étranger. Je vis dans Alger au présent, cette transformation souvent chaotique de la ville démontre sa vitalité, et j'y puise quotidiennement mon énergie. Le présent et le futur ne m'effraient pas, bien au contraire. Mais je peux comprendre que cette vitalité puisse en effrayer certains qui peuvent trouver une forme de réconfort dans la nostalgie.
-Est-ce pour vous le début d'une aventure créatrice dans le domaine de la fiction, ou est-ce un cri qui devait sortir et c'est fait ?
C'est clairement pour moi le début d'une extraordinaire aventure. Je suis bouleversé par les rencontres merveilleuses que j'ai pu faire grâce à ce livre. Je ne sais pas si le cri est finalement sorti, je serais incapable de vous répondre. Mais aujourd'hui, je n'ai qu'une seule envie : écrire encore et toujours écrire.


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