Très affaibli par le poids des années, entouré par des policiers en tenue, Brahim Hadjas a comparu, hier, devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, près la cour d'Alger, avec une grande sérénité. Il devait être jugé pour deux affaires, mises en action par la Banque d'Algérie, qui l'accuse d'avoir violé la réglementation de la loi sur la monnaie et le crédit, à travers «un transfert illicite de fonds» et le «non rapatriement de devises». Des griefs qui lui ont valu deux condamnations de 5 années de prison, assorties d'un mandat d'arrêt, prononcées par défaut par la même juridiction. Appuyé par deux avocats, les maîtres Guendouzi et Bensaoula, Hadjas n'a prononcé aucun mot. C'est Me Guendouzi, qui s'avance. «Monsieur le président, nous entendons tous les jours le ministre de la Justice parler de la réforme du code de procédure pénale, notamment les dispositions relatives à la détention provisoire. Nous espérons qu'elles soient effectives. Les peines prononcées à l'encontre du prévenu sont touchées par la prescription», déclare l'avocat avant d'être interrompu par le juge. «Je n'ai pas encore décidé si l'affaire va être jugée ou non. Vous ferez vos demandes une fois que la décision est prise.» Me Guendouzi : «Même si vous reportez le jugement, je réitère ma demande relative à la liberté provisoire au profit du prévenu. Si vous jugez l'affaire, sachez que Hadjas a vidé son mandat d'arrêt le 18 décembre dernier. Cela veut dire que 6 ans, 6 mois et 15 jours sont passés depuis sa condamnation par le tribunal. Si l'on se réfère aux dispositions du code de procédure pénale, la peine prononcée à son encontre est touchée par la prescription.» Pendant quelques minutes, le juge ne lève pas les yeux du dossier qu'il a entre les mains, puis se tourne vers le représentant du ministère public. «Avez-vous quelque chose à dire à propos des demandes ?» Le procureur se déclare contre les deux demandes exprimées par l'avocat. Le président renvoie l'affaire au 31 décembre prochain, en motivant sa décision par l'absence de la partie civile, à savoir la Banque d'Algérie. «Monsieur le président, faites en sorte que la partie civile soit convoquée en bonne et due forme pour éviter un deuxième renvoi», lance Me Guendouzi, à l'adresse du juge. Ce dernier rappelle Brahim Hadjas pour une seconde affaire liée toujours à la loi sur la monnaie et le crédit. Me Guendouzi présente les mêmes demandes et le représentant du ministère public s'oppose, alors que le président du tribunal renvoie le jugement de l'affaire au 31 décembre prochain, pour les mêmes raisons citées pour le premier renvoi. Hadjas, faut-il le préciser, a été extradé en vertu d'un mandat d'arrêt international lancé au mois de mars 2013, par le tribunal de Sidi M'hamed, pour un autre dossier, dans lequel, la Banque d'Algérie et quelques clients de l'Union Bank sont partie civile. Il est également poursuivi par le tribunal de Chéraga, près la cour de Blida, pour une affaire de foncier agricole, au même titre que ses deux enfants, installés actuellement au Canada. Ses avocats promettent d'importantes révélations sur ce qu'ils présentent comme «une grande affaire d'escroquerie, dans laquelle Hadjas a le statut de victime et non pas d'accusé». Selon eux, les deux dossiers pour lesquels le tribunal de Bir Mourad Raïs devait être jugé, hier, Hadjas «sont vides». Les sommes évoquées sont dérisoires et ont été payées un peu en retard. Lors de l'audience, tout cela va être démontré. «Ça sera la montagne qui accouche d'une souris», révèle la défense de Hadjas.