«Je suis née en 1927 à Alger. Depuis 1993, je suis veuve de Abdelkader Safir qui fut journaliste… J'ai vécu mon enfance et ma jeunesse à Rouiba. Mes familles paternelle et maternelle vivaient en Algérie depuis deux générations», déclinera Eveline Safir Lavalette. son identité : Juste Algérienne, comme une tissure. Eveline Safir Lavalette a publié cet ouvrage Juste Algérienne, comme une tissure, non pas pour décliner son identité, justifier sa nationalité ou encore prouver son «algérianité». Au contraire ! Pour nous dire qu'elle est issue du tissu familial, filial, ombilical et voire biologique de son humus natal, l'Algérie. D'ailleurs, Eveline Safir Lavalette, avec pédagogie (ce n'est guère un grief), explique la polysémie du vocable «tissure» et ce, à travers des exemples : «façon dont les fils sont tissés. La tissure de cette toile est inégale. Ma vie, comme une tissure inégale. Je veux retisser ma vie (une citation du poète Youcef Sebti in L'enfer et la folie).» Et ce, de par une prémisse, un syllogisme d'une grande philosophie. «Cela veut dire que je suis Algérienne. Avant 1954 et après je n'ai eu aucune discrimination à l'endroit de nom et prénom. Il y avait des Algériens non musulmans…», rétorque-t-elle. Elle la battante et combattante à son corps défendant de la cause et la révolution algérienne. Elle qui a tutoyé l'histoire en côtoyant Ben Khedda, Abane, Krim Belkacem, Ben M'hidi et d'autres. Elle a activé et milité au sein du Front de Libération Nationale (FLN) en effectuant des liaisons avec remises de documents, hébergement de moudjahidine¬, transport de matériel, impression de tracts… «J'effectuais des liaisons d'abord sur Alger, puis de façon régulière sur Oran ; remise de documents ou de colis à Hadj Allah, responsable de la Wilaya d'Oran… J'hébergeais à différentes reprises Oumarane, le colonel Sadek, Krim Belkacem, Ben M'hidi, Ben Yahia… Abane, Ben Yahia, Drareni rencontraient Benkhedda chez moi…», écrit-elle. Elle fut arrêtée et torturée en novembre 1956 par la police française. Elle fut libérée en 1959. Juste Algérienne, comme une tissure. Eveline Safir Lavalette. Editions Barzakh (2013) 205 pages