Comme chaque année, Yennayer ne passe jamais inaperçu à Laghouat. Conciliant les usages, les caractéristiques de la région avec la tradition, les habitants de cette paisible région du Sud fêtent le nouvel an amazigh dans la convivialité. A quelques jours de la célébration du nouvel an berbère et la fête de Yennayer qui coïncide cette année avec la fête du Mawlid Ennabaoui, magasins et marchés de la wilaya de Laghouat, cité antique des Maghrawa, les villes et les villages les plus enclavés ont été envahis par des étals de toutes sortes de confiseries et fruits, secs ou frais. Sur ces étals sont achalandées toutes les marques de chocolat, bonbons, cacahuètes, noix, noisettes, dattes, figues sèches, pistaches, dattes fourrées…, qui font tomber même les moins gourmands. La coutume en cette occasion dans cette région, c'est le renouvellement des pierres du foyer de la cheminée. La tradition, nous indique-t-on, veut que tout ouvrage commencé, tel que le tissage, soit terminé ce jour-là lequel coïncide avec le nouvel an amazigh 2964. La célébration de cette date se fait également à travers des rituels, des sacrifices et des plats particuliers. Les maisons sont nettoyées de fond en comble, repeintes, décorées et ouvertes à la famille et aux amis pour se réunir autour d'un banquet préparé en la circonstance. Le septuagénaire autochtone Youcef Laghouati, artiste en retraite, nous a indiqué que «cette fête a toujours été célébrée tout comme l'an de l'Hégire avec les mêmes mets, les mêmes cérémonies, chants religieux, friandises, récitation du Coran et le plat principal qui n'est qu'un couscous spécial dont la sauce contient plus d'ingrédients que d'habitude, dont les légumes frais et secs de toutes variétés». Pour célébrer dans une ambiance festive cette date, on met une fève sèche dans la marmite, et celui qui aura la chance de la trouver dans sa cuillère sera désigné comme le plus chanceux et le plus heureux pour toute l'année. Et pour obliger les enfants à bien manger, on leur fait peur en les menaçant qu'il y a un kamoum ou ghoul nommé lamassa, qui vient au milieu de la nuit emmener en enfer ceux qui n'ont pas bien rempli la panse. Chez certaines familles, c'est aussi la première coupe de cheveux pour les petits garçons. Ainsi, l'homme le plus âgé de la famille se charge de cette mission pour que le petit vive aussi longtemps que son «vieux coiffeur», nous dit-on. Et comme ce jour représente aussi le dernier jour de l'an qui s'achève (dernier jour de djanber), on se doit de sacrifier un coq fermier, et toute la famille se retrouve autour d'un couscous bien garni au poulet fermier agrémenté de morceaux de viande séchée (guedid) sans oublier les belles histoires (m'hajiate) des grands-mères et grands-pères pour rendre éternelles les coutumes et ne pas oublier nos racines. Car, quoique plusieurs familles continuent de préparer un repas copieux le soir avec veillée, thé, drez, friandises, il faut dire que, malheureusement, cet événement a tendance à ne pas être fêté comme avant. Pour rappel, Yennayer marque le jour de l'an du calendrier agraire, adopté depuis l'Antiquité par les Amazighs. Il correspond au 1er jour de janvier du calendrier julien, aujourd'hui en décalage de 13 jours du calendrier grégorien. Le vocable “yennayer” est composé de “yen” qui veut dire premier, et de “ayer” qui veut dire mois. Dans cette paisible région des Imeghrawen (Laghouat), Yennayer est fêté depuis l'Antiquité. Une petite virée à l'université Amar Thelidji, des étudiants et professeurs, approchés par El Watan, nous ont indiqué qu'il est temps de dépasser définitivement le stade de la revendication pour emprunter celui de la mise en œuvre pratique de la réappropriation de notre identité millénaire sur le terrain et sans attendre l'autorisation de quiconque, encore moins celle du pouvoir qui prouve depuis 51 ans sa frilosité quant à la question identitaire assumée clairement pas les Algériens. Dans cette perspective, ils sont décidés de célébrer le premier jour de l'an amazigh dans la dignité et la fraternité, non pas en revendiquant que Yennayer soit un jour férié mais en le consacrant dans les faits en tant que jour férié. Les familles font, de cette journée, une véritable fiesta. Yennayer est célébré depuis l'an 951 av. J-C. L'avènement de Yennayer correspond à un événement politique de portée incommensurable pour les Imazighen. En effet, en l'an 950 av. J.-C., à la mort du Pharaon Psoussenes II, un Amazigh, répondant au nom de Sheshnaq accède au statut de Pharaon d'Egypte, en soumettant tout le delta du Nil, ainsi que la grande prêtrise égyptienne sous son autorité, et fonda sa capitale à Bubastis. Auparavant, Chechanq I régnait sur un territoire allant de la partie orientale de la Libye actuelle jusqu'au delta du Nil. Il régna sur l'Egypte en tant que Pharaon de 950 jusqu'à 929 av. J.-C.