Les autorités cambodgiennes ont dispersé hier des centaines de partisans de l'opposition réunis à Phnom Penh et interdit de nouveaux rassemblements, au lendemain de la répression d'une manifestation d'ouvriers du textile qui a fait au moins trois morts. Des policiers antiémeute équipés de boucliers et de matraques sont entrés dans ce parc, provoquant la fuite des partisans du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), qui y étaient rassemblés depuis décembre pour réclamer de nouvelles élections, selon des médias. Cette intervention, qui ne semblait pas avoir été accompagnée de heurts, survient au lendemain de la répression d'une manifestation d'ouvriers du textile réclamant des augmentations de salaire, sur lesquels les forces de l'ordre ont ouvert le feu, faisant au moins trois morts. Etant donnée la situation et pour maintenir la sécurité et l'ordre, la municipalité de Phnom Penh a décidé de ne pas autoriser le Parti du sauvetage national du Cambodge à continuer ses manifestations au parc de la Démocratie et à marcher dans les rues de la capitale à partir du 4 janvier et jusqu'à ce que la situation et l'ordre public reviennent à la normale, a déclaré le gouverneur de la capitale Pa Socheatvong. L'opération d'hier matin a été immédiatement dénoncée par l'opposition. «Je déplore que les autorités, sous le contrôle du Parti du peuple cambodgien (CPP), aient réprimé les manifestants au parc de la Démocratie», a soulign le porte-parole du CNRP Yim Sovann. Le CNRP, qui avait prévu à partir d'aujourd'hui de grandes manifestations sur trois jours, réclame le départ du Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis près de trente ans, et de nouvelles élections. Selon les résultats officiels, le CPP au pouvoir, malgré son plus mauvais score depuis 1998, a remporté 68 sièges aux législatives du 28 juillet, contre 55 au CNRP. Mais l'opposition, dénonçant des fraudes massives, a revendiqué la victoire et dénoncé un coup d'Etat constitutionnel. Ses députés boycottent l'Assemblée nationale depuis l'ouverture de la législature en septembre, notamment pour protester contre le fait que son chef, Sam Rainsy, rentré d'exil juste avant le scrutin, n'avait pas été autorisé à y participer.