La veuve de Maurice Audin, le jeune mathématicien enlevé et torturé en 1957 par les parachutistes français à Alger, a souhaité que la France condamne la torture et les exécutions sommaires perpétrées en Algérie durant la période coloniale. «Je souhaite que les plus hautes autorités de l'Etat français condamnent officiellement la torture et les exécutions sommaires utilisées, pendant la guerre d'Algérie, par l'armée et le gouvernement français», a-t-elle déclaré hier à l'APS en réaction à de nouvelles révélations sur l'assassinat de son mari. Commentant le témoignage du général Paul Aussaresses, publié à titre posthume, et selon lequel le militant nationaliste a été poignardé en plein cœur par un membre de l'escadron de la mort qui opérait, en 1957 à Alger, sous les ordres du général Massu, Josette Audin a affirmé que, depuis la disparition de son mari, «diverses possibilités ont été envisagées et celle d'Aussaresses en est une autre». «Personnellement, j'ai du mal à accorder quelque crédit que ce soit à ce que dit ce personnage», a-t-elle ajouté, mettant en doute la validité des confessions posthumes d'Aussaresses, contenue dans l'ouvrage La Vérité sur la mort de Maurice Audin (éditions des Equateurs) du journaliste Jean-Charles Deniau. Pour elle, le général de sinistre mémoire a «passé sa vie à mentir quand il ne la passait pas à tuer des Algériens». «Comment croire, dans ces conditions, qu'il a pu dire la vérité ? Selon moi, ces gens ne sont pas crédibles. C'est bien que le général ait dit sa vérité, mais c'est seulement sa vérité. Ce n'est pas forcément la vérité. Cette vérité, la saura-t-on un jour ? Je suis sceptique à ce sujet», a-t-elle dit. Josette Audin avait adressé, le 6 août 2012, une lettre au président français, François Hollande, quelques mois avant sa visite d'Etat en Algérie, demandant que les historiens «puissent avoir accès à toutes les archives de toutes les personnalités civiles et militaires françaises ‘‘en charge du maintien de l'ordre'' en Algérie». «J'espère que vous ferez aussi, au nom de la France, non pas des excuses pour des actes qui ne sont pas excusables, mais au moins une condamnation ferme de la torture et des exécutions sommaires commises par la France pendant la guerre d'Algérie», lui avait-elle écrit. Le chef de l'Etat français s'était longuement recueilli, lors de cette visite, devant la plaque commémorative dédiée à Maurice Audin à Alger, s'abstenant de faire la moindre déclaration sur ce crime. Les révélations du journaliste Deniau viennent lever le voile sur une énième «inconnue» de la guerre de Libération nationale. A ce jour, seule la thèse de la disparition de Maurice Audin est reconnue officiellement en France, où historiens et mêmes proches du défunt évoquent désormais, sans rougir, un autre «crime d'Etat».