L'international, Islam Slimani, a remis au président de la République le Ballon d'or qu'il a obtenu au titre de ses performances durant la saison sportive 2013. Ce geste, qui a étonné plus d'un, vient couronner une année marquée par une instrumentalisation peu glorieuse du sport, au service d'ambitions politiques manifestes. L'attitude condamnable des représentants du MCA, lors de la dernière finale de la coupe d'Algérie face à l'USMA, n'avait, de toute évidence, aucune autre explication que celle liée au contexte politique. En effet, le président de la section football du Mouloudia avait, sur une chaîne de télévision privée, clairement avancé qu'il avait été victime d'un complot, pour avoir appelé à un quatrième mandat de Bouteflika. Certains initiés des entrailles politiques affirmaient que l'issue programmée de la finale de la coupe d'Algérie, devait permettre le lancement de la campagne pour le quatrième mandat, orchestré par Omar Ghrib, probablement appuyé par certains autres dirigeants du mouvement sportif national. L'accident vasculaire cérébral dont a été victime le chef de l'Etat, quelques jours auparavant et son remplacement à la tribune officielle du stade 5-Juillet par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ont perturbé le projet, lequel allait être totalement anéanti, avec la victoire inattendue de l'USMA. La réaction du premier responsable de la section football du Mouloudia d'Alger traduisait visiblement une profonde déception de n'avoir pu mener le projet à son terme. Les sanctions ultérieures, décidées à l'encontre des auteurs de ce grave affront au Premier ministre et autres représentants du gouvernement algérien, ont poussé certains dirigeants sportifs à condamner l'attitude de Omar Ghrib, pour s'en démarquer, alors qu'ils avaient programmé de le soutenir dans sa démarche politicienne. Les manipulations sportives d'essence opportuniste, n'en sont malheureusement pas à leur première tentative. En effet, déjà en février 2008, un appel au troisième mandat du président Bouteflika, avait été lancé à partir de l'hôtel El Djazaïr, au nom du mouvement sportif national (sans consultation préalable de ses acteurs) par un dirigeant sportif, qui s'était même permis «le luxe» de devancer le parti au sein duquel il militait. Ces manifestations d'opportunisme politique, destinées à servir des ambitions personnelles, ont pollué le mouvement sportif national, déjà gangrené, par le football notamment, par l'argent, devenu hélas la seule source de motivation sportive. La double qualification de notre équipe nationale de football aux éditions du Mondial 2010 et 2014, a également fait l'objet de récupération politique, offrant à certains l'occasion d'affirmer qu'elle aurait contribué à maintenir la paix sociale. Les dépenses faramineuses, avec l'octroi de primes scandaleusement élevées aux joueurs et à l'encadrement de notre équipe nationale, montrent bien que l'on ne cherche plus à préparer une équipe pour gagner, mais plutôt à acheter le résultat sportif. L'Algérie, qui a connu des sacrifices allant de l'abandon de carrières des joueurs de l'équipe du FLN aux menaces de sanction proférées par les clubs employeurs à l'encontre des footballeurs professionnels des années 80 qui rejoignaient bénévolement l'équipe nationale, se retrouve aujourd'hui un véritable terrain de mercenariat sportif. La gangrène financière qui mine notre sport roi, bien mise en évidence par Yazid Ouahib dans ses articles du jeudi 26 décembre 2013, expose notre sport à un véritable danger de pourrissement. Dans le monde d'aujourd'hui, le sport est sollicité pour canaliser sainement la jeunesse, l'éduquer, renforcer sa santé physique et mentale, contribuer au rapprochement des populations. Le sportif, référent des jeunes, constitue le modèle à suivre, il doit donc être préparé par ses responsables pour jouer de rôle d'exemple éducateur. Une sélection en équipe nationale se mérite, par des exigences techniques et morales. Le port du maillot national doit être considéré comme une valeur ajoutée pour le joueur sélectionné. Jusqu'aux changements de comportement relevés ces dernières années, les sportifs, toutes disciplines confondues, se fixaient comme objectif, le privilège et l'honneur de défendre les couleurs nationales. Nos équipes nationales, antérieurement convoitées et respectées, sont aujourd'hui soumises, pour une certaine discipline particulièrement, à des préalables qui s'apparentent à de réels chantages financiers. L'argent est devenu le véritable produit dopant, échappant à tout contrôle. Le sportif est devenu une machine que l'on paie chèrement, pour réaliser des performances, avant de la jeter pour raison d'usure. Le footballeur que l'on rémunère en centaines de millions durant sa carrière, sans déclaration ni soumission aux taxes comme tout autre citoyen, est totalement abandonné à sa précarité, après sa retraite sportive. Aucune politique sociale du sportif n'est réfléchie, aucune rationalité ne guide les dépenses occasionnées par la pratique de certaines disciplines sportives. Que reste-t-il alors des valeurs éthique, morale et éducative du sport, avec de tels comportements ? Comment peut-on inculquer l'esprit nationaliste à nos jeunes citoyens, lorsqu'on leur sert comme exemple, la défense des couleurs nationales, conditionnées par des chèques allongés (le montant des primes a été rendu publique avant le match de qualification). Les récompenses souvent symboliques octroyées aux joueurs d'antan, sont devenues maintenant des exigences préalables, portant atteinte à la valeur morale du maillot national. Ces comportements nouveaux, d'essence opportuniste et matérialiste, mettant en péril l'avenir de notre sport, doivent interpeller nos dirigeants politiques auxquels incombe la responsabilité d'une représentativité digne de l'Algérie et d'une politique saine au profit du mouvement sportif national. Le sport, qui constitue un phénomène de société, doit être préservé des tentacules d'opportunistes politiques et de mercenaires sportifs. Notre pays mérite d'avoir une saine politique du sport et non une instrumentalisation politique du sport.