Le phénomène menace de plus en plus la santé publique. S'il existait un prix de l'insalubrité, il serait sans doute attribué à la commune de Tamanrasset qui se trouve dans une saleté inqualifiable. Le phénomène de décharges sauvages, qui poussent comme des champignons à chaque coin de rue, menace de plus en plus la santé publique, particulièrement celle des chiffonniers qui côtoient ces endroits pour glaner ce que l'on peut se mettre sous la dent. Le pire, c'est que même les écoles et les institutions pédagogiques ne sont pas épargnées par ce phénomène, à l'exemple de l'Ecole pour enfants handicapés auditifs (EEHA) de la wilaya. L'accès secondaire de cet établissement est — le laxisme des autorités locales aidant — devenu un véritable dépotoir à ciel ouvert, eu égard aux monticules d'immondices qui s'y sont amoncelés. Ce qui n'est pas sans inquiéter les parents des enfants sourds-muets pris en charge dans cet établissement spécialisé. Les responsables élus ou encore les représentants de la cité, qui ne se montrent que lors de la distribution des couffins de Ramadhan, sont, semble-t-il, aux abonnés absents. L'endroit fréquenté par les bambins aux besoins spécifiques est enlaidi par des amas de gravats et des tas d'ordures ménagères sans pour autant inquiéter les autorités concernées qui se contentent de nettoyer uniquement les quartiers phare de la ville et les ruelles empruntées par les officiels, à l'exemple de ce qui a été réalisé lors de la visite du Premier ministre dans la wilaya, en novembre 2013. La prolifération des matières fécales et des déchets devant cette l'école jouxtant le tribunal administratif et le projet de réalisation d'une école coranique donnent certainement une idée sur la défaillance quasi-totale des services de l'APC de Tamanrasset, mais aussi de l'incivisme des habitants de cette cité, laquelle est de surcroît difficile d'accès à cause du trou béant creusé, à l'entrée des habitations, par l'entreprise chargée de réhabiliter le réseau d'alimentation de la ville en eau potable. Le signal est au rouge dans ce quartier qui semble être un cimetière de l'oubli depuis le dernier passage du chef du gouvernement dans la wilaya. Lors d'une conférence de presse consacrée à la présentation des nouveaux projets lancés par la collectivité, le chef de l'exécutif a promis de prendre les choses en main et de rendre à la capitale du tourisme saharienne ses lettres de noblesse. Cependant, le phénomène des ordures qui s'amplifie de plus en plus risque de compromettre cette démarche, notamment en l'absence d'une stratégie efficace de ramassage. Le chef-lieu communal est par conséquent en passe de s'adjuger le label d'une grande ville poubelle. Bien que le ramassage des déchets ait été confié à l'APC, celle-ci adopte toujours la politique de l'autruche et renvoie la balle au citoyen. Le wali, qui en a ras-le-bol de ces irresponsabilités devenues un secret de Polichinelle, a, lors de sa visite inopinée effectuée au siège de la mairie, donné de fermes instructions visant à l'amélioration du service public et le cadre de vie des habitants. Il a, à l'occasion, fait part de l'acquisition de 600 fûts et de 300 caissons qui seront mis en place dans les différents quartiers de la ville à l'effet de faciliter le travail des agents d'entretien. Une cellule d'écoute supervisée par l'inspecteur général de la wilaya et suivie par le directeur de la réglementation et des affaires générales (Drag) a été créée au niveau de la wilaya pour prendre en charge les doléances des citoyens. Signalons au demeurant que de nouvelles mesures ont été prises récemment par le chef de l'exécutif, Abdelhakim Chater, qui a recommandé de scinder la ville en 13 secteurs devant être gérés en coordination avec les responsables élus et les directeurs de l'exécutif avec pour but de venir à bout du problème des décharges.