L'ONU et ses agences tirent la sonnette d'alarme au sujet de la situation alarmante dans les territoires palestiniens. Le constat est le même, net et sans appel. La pauvreté « gagne du terrain » dans les territoires palestiniens, où le PAM (Programme alimentaire mondial ) va augmenter de 25% le nombre des bénéficiaires de son aide, qui passent de « 480 000 à 600 000 non réfugiés », a annoncé hier cette agence de l'Onu. « Une crise majeure se profile dans les territoires palestiniens occupés (...) due à l'absence de versement de salaires de 150 000 fonctionnaires palestiniens, qui affecte directement un million de personnes, et aux fermetures de plus en plus fréquentes des points de passage, imposées par Israël à cause des menaces répétées », écrit le PAM dans un communiqué publié par son bureau de liaison à Paris. « D'après une récente étude du PAM et de la FAO (...) l'insécurité alimentaire a augmenté de 14% depuis l'an passé. Ceci signifie que deux millions de Palestiniens, soit 51% de la population ne peuvent subvenir à leurs besoins nutritionnels quotidiens sans aide », poursuit le PAM. Arnold Vercken, directeur du PAM dans les territoires palestiniens, cité dans le communiqué, indique qu'il y a une « augmentation du nombre d'habitants touchés par la pauvreté et dont les moyens de subsistance sont réduits au minimum ». « De nombreuses familles, selon lui, ne prennent plus qu'un seul repas par jour » et « beaucoup d'habitants ne se nourrissent plus que de pain ou de légumes achetés à bas prix en fin de journée car ils n'ont pas été vendus ». « Nous sommes aussi très préoccupés par le nombre croissant de personnes, le plus souvent des enfants, qui fouillent les poubelles pour s'alimenter », a ajouté M. Vercken. L'autre inquiétude provient du blocage du dialogue interpalestinien et des dérapages de plus en plus nombreux et tout aussi meurtriers, impliquant les éléments armés du Hamas qui entendent occuper le terrain et ceux du Fatah qui refusent quant à eux de s'en retirer. A cet égard, le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé hier qu'il annoncerait dans « un ou deux jours » la date du référendum qu'il va organiser sur un document censé mettre fin à la crise politique et même institutionnelle dans les territoires palestiniens que l'Autorité palestinienne entendait désamorcer par le recours au dialogue et au référendum, si celui-ci venait à échouer. C'est ce qui s'est produit avant même qu'il n'ait lieu ; le Hamas refusant d'être dépossédé des prérogatives gouvernementales, y voyant même un coup porté contre son programme sur la base duquel il a obtenu une confortable majorité électorale en janvier dernier. « Après la fin des dix jours de dialogue, nous travaillons sur un décret (convoquant un référendum) et il nous faut un peu de temps pour l'achever. Cela sera annoncé en temps opportun, dans un ou deux jours », a déclaré M. Abbas à la presse à l'issue d'un entretien avec le secrétaire d'Etat américain adjoint pour le Proche-Orient, David Welch. Le porte-parole de la présidence de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a pour sa part affirmé que M. Abbas annoncerait la date du référendum « probablement samedi ». Dans ses déclarations à la presse, M. Abbas a indiqué que la date à laquelle le référendum aura lieu « fait l'objet de consultations avec la commission électorale ». Le référendum portera sur un « document d'entente nationale » élaboré par des cadres e différents groupes palestiniens détenus par Israël et prévoyant la fin des attentats en Israël et une reconnaissance implicite de l'Etat juif, ce que le mouvement islamiste Hamas rejette. Là est une autre question que l'Autorité palestinienne entend évacuer par un coup de force. C'est ce qu'entend justement faire Mahmoud Abbas.