En exploitation depuis 1991, après quatre années de travaux, le tunnel de plus de 900 mètres ne présente aucune norme de sécurité. Aucune norme de sécurité n'est respectée Les automobiles qui s'engouffrent dans le tunnel le font le cœur serré. La peur d'un accident est là. Des accidents surviennent régulièrement à l'intérieur du tunnel de Oued Ouchayah. Trois personnes avaient été ainsi blessées dans un télescopage qui s'est produit le 9 janvier dernier, selon un bilan rendu public par la Protection civile. «Ces trois personnes, âgées entre 19 et 30 ans, ont été évacuées par nos éléments vers l'hôpital Salim Zmirli. Heureusement que leurs blessures n'étaient pas graves. Le télescopage a eu lieu entre neuf véhicules», a précisé sur le site en ligne TSA le chargé de la communication de la Protection civile, le lieutenant Sofiane Bakhti. En exploitation depuis 1991, après quatre années de travaux, le tunnel de plus de 900 mètres ne présente aucune norme de sécurité. «Il y a zéro sécurité dans ce tunnel. Il n'existe aucune norme. Pas de système de désenfumage, ni de galeries communiquant entre les deux tubes. Ni poste de secours, ni même une signalisation adéquate. Si aucun accident grave ne s'est produit à l'intérieur du tunnel, c'est surtout grâce à la Providence. Je crains qu'un incendie ne se déclare à l'intérieur. Si un camion venait à exploser, les dégâts humains et matériels seraient ce jour-là importants», a indiqué une source locale qui a requis l'anonymat. Le problème le plus visible actuellement est celui des infiltrations d'eau. L'eau qui ruisselle des parois des deux tubes forme des flaques qui éclaboussent les automobilistes qui sont surpris. Le réseau d'assainissement des cités et des baraques des Palmiers à Bachdjarrah s'est dégradé. Solution proposée par les autorités : reloger les habitants. Mais l'opération est reportée. Si les normes de l'époque étaient respectées, ce n'est plus le cas aujourd'hui. «Les normes de sécurité ont évolué. Une expertise devait être engagée avec les Italiens. Selon les Travaux publics, le tunnel reste exploitable. Les autorités ont intérêt à prendre en charge ce tunnel qui devrait être fermé», relève notre source. Les normes internationales ont évolué, mais en Algérie rien n'a changé. Les incendies survenus dans les tunnels du Mont-Blanc (France/Italie) et du Tauern (Autriche) en 1999, ainsi que dans le tunnel du Gothard (Suisse) en 2001 ont incité les autorités européennes à prendre des décisions fermes. La Commission, préoccupée par l'augmentation de la fréquence des accidents, avait annoncé dans son livre blanc intitulé La politique européenne des transports à l'horizon 2010 : l'heure des choix, des exigences de sécurité minimales applicables aux tunnels du réseau routier. Cette directive fixe un ensemble de normes de sécurité minimales harmonisées traitant des aspects organisationnel, structurel, technique et opérationnel. La directive vise à ce que tous les tunnels de plus de 500 mètres de longueur, en exploitation, en construction ou en projet, qui font partie du réseau routier transeuropéen, soient soumis aux nouvelles exigences de sécurité harmonisées (source : europa.eu). Selon les services des Travaux publics algériens, le tunnel est exploitable. La société italienne GICO a réalisé l'ouvrage à la fin des années 80 et à cette époque des problèmes sont apparus : ruissellement des eaux, mais aucune mesure n'a été prise. Arcadis, un bureau d'études, aurait été chargé de faire des prospections et de donner des recommandations, nous a-t-on indiqué. «Des observations préliminaires ne font état d'aucune anomalie», signale-t-on. A ce jour, à part la réparation de l'éclairage dans les deux sens du tunnel par l'ERMA, rien de sérieux n'est signalé par les usagers de cette route très fréquentée.