De nouveau, des heurts d'une rare violence ont eu lieu à Ghardaïa. De nouveau, une communauté, celle des Mozabites, est sauvagement agressée, une communauté qui a la réputation d'être très pacifique et pas du tout agressive. Ces incidents graves deviennent récurrents dans la capitale du M'zab. On aurait pu penser que la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans cette ville, allait contribuer à retrouver la quiétude, surtout que la communauté ibadite ne cherche que sécurité et protection. Elle ne demande rien d'autre. Malheureusement, le déplacement n'a rien donné. Il est vrai que l'on ne comprend pas la présence du ministre des Affaires religieuses dans la délégation gouvernementale, alors que c'est celle du ministre de l'Intérieur qui s'imposait. D'où la mauvaise impression que le pouvoir considère les événements de Ghardaïa comme relevant d'un conflit confessionnel. De toute évidence, la situation a toujours été très mal gérée et elle évolue dangereusement. A croire qu'il y a des forces occultes qui jettent de l'huile sur le feu et attisent la haine entre les Algériens. Il se trouve que même certains journaux arabophones se mettent de la partie. Ils dénigrent honteusement et injustement une communauté, mus sans doute par un instinct sectaire et raciste, oubliant du coup les intérêts nationaux. C'est là un comportement criminel qui porte atteinte à la sécurité et la stabilité nationales et que les autorités doivent prendre en charge avant qu'il ne soit trop tard. Les dérives journalistiques ne doivent pas être tolérées, surtout qu'elles ne relèvent aucunement de la liberté d'expression et qu'elles sont plutôt des gestes de provocation de type lepéniste. L'Algérie entre dans une période sensible avec le lancement de la campagne électorale pour la présidentielle. Elle a besoin de sérénité et de quiétude. Des événements comme ceux de Ghardaïa, s'ils viennent à se répéter, créeront un climat malsain, voire déstabiliseront le pays. Déjà que nous nous trouvons dans une zone de turbulences, entourés d'ennemis qui cherchent la moindre occasion pour accentuer le désespoir du peuple algérien. Ceux qui aujourd'hui considèrent l'Algérie comme une vache à lait et qui en tirent de grands dividendes ne lâcheront pas facilement la proie. Une grande déstabilisation serait un bon prétexte pour Abdelaziz Bouteflika et son clan pour différer l'élection présidentielle. C'est pourquoi, la vigilance s'impose et le retour définitif de la paix dans le M'zab est une nécessité.