La rue gronde à l'ouest du pays. Les protestations qui se multiplient dans plusieurs villes sont marquées par leur récurrence et leur ampleur. Entre fermetures de route et rassemblements, les protestataires n'ont que la rue pour se faire entendre. A Oran, le siège de la wilaya a été le théâtre, hier, d'une grogne sociale. Deux sit-in y ont été organisés, quasi simultanément, face à un dispositif policier qui s'est voulu très discret. Ce sont les contractuels du pré-emploi et du filet social qui ont ouvert le bal, en se rassemblant devant la wilaya, munis de banderoles, clamant des slogans hostiles à l'administration. C'est le Comité national des contractuels du pré-emploi et du filet social qui a appelé au sit-in d'hier pour réclamer la régularisation de la situation des contractuels et leur intégration dans des postes permanents. «Il nous est difficile de subvenir aux besoins de nos familles, alors que notre travail est précaire», a souligné un manifestant en rogne. Parallèlement à ce sit-in, un autre était également organisé devant le siège de la wilaya. Là, il s'agissait des contractuels de l'APC d'Oran qui sont montés au créneau pour protester contre la liste, affichée samedi dernier, des nouvelles recrues à l'APC en qualité d'éboueurs. «A la lecture de la liste affichée, j'ai trouvé le numéro de matricule qu'on m'a donné, mais au lieu d'y voir mon nom, j'en ai trouvé un autre», nous a déclaré un manifestant. Toujours à Oran, un autre sit-in a eu lieu, devant la direction de la jeunesse et des sports, sous l'égide de l'UGTA. Les revendications étaient d'ordre socioprofessionnel : intégration des travailleurs, notamment par l'application du décret paru le 7 janvier 2010, mais aussi la titularisation des contractuels. En outre, le secteur de l'éducation a connu des troubles, hier à Oran, suite à la grève annoncée par le Snapest. Ce syndicat a revendiqué un taux de suivi de 85% au niveau d'Oran, alors que la direction de l'éducation n'a parlé, elle, que 16,15%. A Mascara, ils étaient une centaine de fonctionnaires, dont des travailleurs des corps communs et autres enseignants, sous la houlette de l'Unpef, à observer une grève ponctuée, hier, par un sit-in devant le siège de l'éducation. Outre les revendications d'ordre national, les protestataires réclament «la régularisation de la situation des travailleurs et des enseignants suspendus par la tutelle et autres fautes administratives». A Arzew, l'APC est paralysée par une grève de trois jours à l'appel du Snapap. Les prélèvements irréguliers et injustifiés sur salaires, la dégradation des conditions socioprofessionnelles sont les problèmes portés sur la plateforme de revendications des travailleurs de l'APC. A Chlef, les habitants de Haï Chelachia ont fermé, dimanche, la route reliant leur quartier au siège la commune, exigeant une prise en charge «immédiate et concrète» de leurs revendications relatives à l'aménagement urbain, l'alimentation en eau et la construction d'un nouveau pont. Ils affirment que «ces problèmes ont été exposés aux autorités concernées, mais sans aucune suite favorable à ce jour». Le président de l'APC de Chlef a fait savoir qu'une enveloppe de 130 milliards de centimes vient d'être dégagée pour l'amélioration urbaine des quartiers du chef-lieu de wilaya. A Saïda, les habitants de Tifrit, commune de Aïn Soltane, ont bloqué, hier, la RN94 durant toute la journée pour protester contre la précarité du cadre de vie dans leur village, réclamant des logements et des emplois. Le président de l'APC, présent sur les lieux de la protestation, affirme : «Je pensais que le problème concernait uniquement les 34 postes à pourvoir. Nous n'avons rien fait pour le moment pour le recrutement. Nous allons essayer de régler ce que nous pouvons.»