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Des étudiants chinois apprennent l'arabe
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Publié dans El Watan le 05 - 02 - 2014

Pékin-Annaba, ce long, si long voyage, cette expérience inédite, un groupe d'une douzaine d'étudiants chinois l'a fait et tenté cette année universitaire, pour des besoins pressants d'apprentissage de la langue arabe qui, en ces temps de développement économique rapide, seraient entrés dans une nouvelle phase.
En cause ? La Chine a de tout temps été un géant politique, elle est devenue un titan économique, mais est restée un nain culturel. Les politiques chinois le savent, le déplorent et ont décidé de passer à l'offensive, s'accordent à penser nombre de spécialistes anglo-saxons de la Chine. Pour les Algériens, s'initier au chinois s'est avéré être un besoin réel qui commence lui aussi à se faire sentir pour des considérations et enjeux tout aussi économiques. De plus en plus de Chinois choisissent de s'expatrier pour étudier les langues étrangères, notamment l'arabe.
En témoigne l'exemple des douze étudiants du CEIL de Annaba. Ce rapprochement interculturel et ces échanges communicationnels sino-algériens sont rendus possibles grâce à la convention de coopération scientifique conclue en 2013 entre l'ambassade de Chine à Alger et la Faculté des lettres, des Sciences humaines et sociales (FLSHS), Université Badji Mokhtar Annaba, explique Fouad Bouguetta, doyen de la faculté. Les deux parties ont convenu d'une stratégie commune, qui a pour finalité la mise sur pied, d'ici deux à trois ans, d'un département exclusivement dédié à l'enseignement de la langue chinoise (une formation diplômante). «La démarche pratique pour laquelle nous avions opté a été étrennée par l'affectation d'un lecteur chinois que nous avons domicilié au département d'anglais. Un grand nombre d'Algériens entre étudiants, chefs d'entreprise, fonctionnaires et autres sont déjà sous le charme de l'une des langues les plus compliquées au monde», explique le doyen.
Aussi, un coin documentaire chinois doté d'outils pédagogiques a récemment été créé à la bibliothèque centrale de l'Université (Sidi Amar). Des discussions, poursuit notre interlocuteur, sont en cours avec les diplomates chinois en vue de mettre en place, d'ici à la prochaine rentrée universitaire, le premier Institut Confucius Algérie dont la mission principale est de dispenser des cours de chinois. Et, bien qu'il ait été prévu de le domicilier à l'Université, l'établissement sera ouvert à tous, pas seulement aux étudiants, en offrant une formation moins formelle et moins académique, précise le Pr Bouguetta. «Avec celui d'Algérie, la Chine aura totalisé environ une trentaine d'instituts Confucius en Afrique et plus de 400 autres à travers le monde. Les Chinois s'appliquent à adapter ces instituts aux besoins locaux des pays d'accueil en vue de les aider à y dégager leurs propres voies de développement», affirme le Pr Abderrazek Djilali, président du Conseil scientifique de la faculté des lettres.
En termes plus clairs, la création de cours de formation spécialisée au sein des classes Confucius devrait permettre aux étudiants, outre l'apprentissage de la langue, de se spécialiser dans un domaine particulier comme moyen de subsistance, qui puisse notamment les préparer à intégrer les entreprises chinoises, présentes en force en Algérie et dans toute l'Afrique. Autres choix, autres ambitions : les universitaires chinois qui ont décidé d'étudier l'arabe à l'étranger semblent eux aussi motivés par les mêmes raisons économiques. C'est du moins ce que laissent entendre leurs 12 compatriotes ayant fraîchement débarqué au CEIL Annaba.
«Il y a plus d'une vingtaine de pays arabophones dans le monde, c'est gigantesque comme territoire, des perspectives d'avenir dans toutes les industries. Très peu de gens en Chine étudient la langue arabe, alors de bonnes perspectives d'emploi nous en aurons forcément». Et les Algériens, non moins déterminés à apprendre le chinois, que cherchent-ils au juste ? S'imprégner de la culture et explorer la pensée chinoises ; pour les uns, «il y a des Chinois partout en Algérie, notamment à Annaba, alors nous devons apprendre le chinois» ; travailler dans le domaine de la traduction-interprétariat au sein des entreprises chinoises pour d'autres, entrer dans le monde académique comme professeur de chinois ou encore le «grand rêve» aller en Chine pour enseigner la langue arabe.
En ce qui les concerne, les chefs d'entreprise et hommes d'affaires ont des motivations de nature toute autre, comme l'explique le Pr Achour Saïdi : «Considérant les interactions d'affaires sino-algériennes qui évoluent à une allure vertigineuse, nos opérateurs économiques ont fortement ressenti le besoin d'apprentissage de la langue chinoise en vue d'élargir leurs champs d'activités et se défaire du carcan langagier qui, jusqu'alors, les maintenait dans des activités restreintes et spécifiques. Ils ont compris que sans la maîtrise de la langue chinoise, ils ne parviendront jamais à forger des comportements adaptés aux transactions communicationnelles en usage dans la société chinoise, leurs partenaires commerciaux en particulier.»


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