Le président de la Coordination nationale des enfants de chouhada (CNEC), Khaled Bounedjma, a annoncé hier, lors d'une conférence de presse à Alger, l'organisation d'une marche à Alger le 5 juillet prochain pour dénoncer le gel de la loi sur le chahid, adoptée 1999 et publiée dans le Journal officiel après avoir été signée par le président Zeroual. Le conférencier, qui déplore l'hégémonie du pouvoir politique, affirme que 2,6 millions d'adhérents sont mobilisés pour revendiquer, lors de cette manifestation, un « Etat de droit » où seront respectées les lois adoptées par le Parlement. Se montrant toujours un adepte de la politique de la réconciliation nationale, M. Bounedjma souligne que la CNEC n'a de problème ni avec le président de la République ni avec le chef du gouvernement. La CNEC semble, ainsi, viser le législateur. Pour l'orateur, la loi sur le chahid est utilisée comme « carte » politique pour saper les fondements de l'histoire de l'Algérie. Ainsi, explique le président de la CNEC, les enfants de chouhada sont ciblés par des licenciements massifs dans des entreprises publiques et des administrations, en vertu de l'économie de marché. A ce sujet, il plaide pour un partenariat et non pour la cession des entités économiques qui « sont le bien de tout le peuple ». Barrer la route aux faussaires Il déclare, par ailleurs, que 70% de patriotes sont des enfants de chouhada. En outre, il trouve inadmissible que des veuves de chahid soient exposées à d'innombrables difficultés administratives pour pouvoir percevoir leur pension. D'ailleurs, s'indigne-t-il, les veuves de chahid ne bénéficient pas de capital-décès, contrairement à d'autres femmes. Selon l'orateur, la loi sur le chahid, si elle est opérationnelle, constituera une « plateforme » pour la jeunesse algérienne afin de faire face aux enjeux de l'avenir. La même loi, continue-t-il, contient tous les critères pour reconnaître un moudjahid authentique et barrer la route, par ricochet, aux faussaires. Pour M. Bounedjma, la problématique des faux moudjahidine, « prise en charge par le ministère des Moudjahidine », renvoie à la nature du pouvoir politique qui consacre le non-respect des lois. « Ce qui nous intéresse, c'est la dignité du chahid et non pas des intérêts matériels », insiste-t-il. Sur ce plan, il a stigmatisé les défenseurs du programme du président Bouteflika qui, sur le terrain, en donnent une image peu reluisante. M. Bounedjma a critiqué le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbas, qui sélectionne « à son gré » les associations pouvant bénéficier de ces aides financières. « Où sont les 100 locaux pour chaque commune ? », s'interroge l'orateur pour enfoncer ses détracteurs. Il ajoute : « Les autorités ne font appliquer que les lois qui les arrangent. » Pour lui, la réconciliation nationale doit protéger « tout » le peuple algérien. « Si les autorités décident de l'abrogation de la loi sur le chahid, la CNEC remettra son agrément et cessera ses activités », a-t-il conclu.