Le Théâtre national d'Alger a abrité, samedi en fin d'après-midi, la générale de la pièce théâtrale intitulée Heure zéro, écrite par Lamri Kaouane et réalisée par Fawzi Benbrahim. Placé sous le signe du rire, Heure zéro est, a priori, une belle œuvre théâtrale présentée par la coopérative culturelle Anis de Sétif. En effet, il s'agit d'un spectacle complet et à la hauteur des attentes du public. D'une durée de soixante-dix minutes, Heure zéro a eu le mérite de tenir en haleine un public nombreux composé d'enfants et d'adultes. Ces derniers ont ri à gorge déployée aux différentes répliques des deux brillants comédiens. Point de décor précis, mais des indications de lieux qui se devinent en filigrane. Quatre sèche-linge vétustes sont dispatchés au milieu de la scène. De petits tabourets en plastique et aux couleurs bigarrées sont alignés les uns sur les autres. Deux personnages, journal à la main, font leur apparition sur un air de swing. Gesticulant dans tous les sens et s'épiant en catimini, les deux hommes finissent par s'échanger des propos bien loufoques à outrance. Ils lisent à tour de rôle des faits divers se rapportant aux femmes. Ce concept de duo est très intéressant et le public embarque rapidement. Les comédiens Mohamed Seghir Bendaoud et El Hani Mahfoud nous font voyager dans un univers franchement comique. On prend goût rapidement à l'univers disjoncté et angoissé de ces deux comparses dont le dénominateur commun est leur vécu avec leur épouse. Mohamed Bendaoud alias Karim est médecin. A la suite d'une altercation avec son épouse Zahira, cet intellectuel quitte le domicile conjugal à minuit pour se rendre dans un bar. Il n'arrive pas à comprendre comment il a pu oublier d'offrir à sa femme une rose pour la fête des amoureux, la Saint-Valentin. El Hani Maffoud, campant le rôle de Hamoudi, est un personnage aux métiers polyvalents. Lui aussi quitte son foyer à une heure tardive de la nuit. Pris par les feux de la colère, au lieu de se rendre dans un café, il atterrit dans un bar par inadvertance. Il a une idée plutôt matérialiste et réductrice de la femme. En témoigne ce portrait qu'il fait de sa femme Rabéa. Cette dernière se fait un malin plaisir à soutirer de l'argent à son mari pour les différentes cérémonies familiales. Une sonnerie de portable retentit à plusieurs reprises dans la salle. Cette sonnerie n'est autre chose qu'un coup de fil de Zahira. Dans un imbroglio et dans des quiproquos ironiques, les deux comédiens se prennent la tête à la moindre réplique, mais finissent parfois par trouver un terrain d'entente. Hamoudi est même invité un laps de temps à se mettre dans la peau de Zahira. Une séquence démentielle qui ne laissera pas le public indifférent. Des bruits de pas de talons de la serveuse parviennent en off. Les acolytes suivent ces pas avec grand intérêt. Ils se lancent dans un rêve onirique des plus fous, où les répliques sont des plus étudiées. A travers cette pièce Heure zéro, écrite en huit mois, Lamri Kaouane, auteur prolifique et brillant comédien, a voulu sensibiliser les couples sur la pérennité de leur union et que tout compte fait le linge sale doit se laver en famille. Comme nous l'a si bien confié Lamri Kaouane en aparté, nul besoin de faire appel à l'imaginaire pour écrire un texte. «Nous vivons dans une société riche en thèmes sociaux. Je puise la matière du peuple algérien», lance-t-il avec une pointe de fierté. Il est à noter que cette pièce théâtrale, Heure zéro, sera programmée respectivement le 13 février à 18h au Palais de la culture de Kouba, le 4 mars à Koléa et le 27 mars à Sétif.