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«La règle des 51/49% n'encourage pas les multinationales à investir en Algérie» Boehringer Ingelheim présente son étude sur l'industrie pharmaceutique dans la zone MENA
L'Algérie est invitée à développer la recherche afin de doubler la production locale. Dubaï (Emirats Arabes Unis). De notre envoyé spécial
Retard dans l'enregistrement de nouvelles molécules, législation contraignante, très peu d'intérêt pour la recherche scientifique et absence de stratégie cohérente pour le développement d'une industrie pharmaceutique nationale forte. Voilà les principaux points faibles de la politique algérienne dans le domaine de l'industrie pharmaceutique, soulignés par le groupe allemand Boehringer Ingelheim dans son livre blanc intitulé l'Industrie pharmaceutique dans la région MENA : défis et recommandation. Présentée jeudi dernier à Dubaï, aux Emirats arabes unis, cette étude a zoomé sur cinq pays, en l'occurrence l'Algérie, l'Egypte, le Liban, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. Des pays considérés comme les principaux marchés des produits pharmaceutiques dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA). Le processus d'enregistrement : un handicap pour le patient algérien En plus des atouts, des capacités et des intentions de production, les représentants de Boehringer Ingelheim mettent l'accent sur les contraintes auxquelles font face les opérateurs locaux et étrangers. «Les multinationales veulent investir dans ces pays et procéder au transfert de technologie, mais il faut que les pays concernés les encouragent en mettant en place des législations adéquates», souligne Karim El Alaoui, directeur exécutif et responsable des médicaments sur ordonnance au Moyen-Orient, en Turquie et en Afrique chez Boehringer Ingelheim. Dans ce sens, il cite le cas de l'Algérie où il y a de véritables freins au développement de cette industrie. Et parmi ces contraintes, Karim El Alaoui cite la fameuse règle des 51/49% mise en place depuis 2009. «Cette règle a causé un grand problème aux multinationales qui veulent s'engager sur le marché algérien mais, depuis quelque temps, les choses commencent à évoluer et nous souhaitons un assouplissement de cette règle», répond-il à une question des journalistes présents qui voulaient savoir pourquoi les multinationales refusent un transfert de savoir-faire aux pays en développement. La seconde contrainte relevée par cette étude et citée par le responsable de Boehringer concerne les lenteurs dans l'enregistrement des nouvelles molécules et l'octroi des autorisations de mise sur le marché (AMM). Alors que le délai légal pour cet enregistrement est de trois mois, les laboratoires étrangers sont parfois contraints d'attendre indéfiniment l'obtention de l'AMM. «Cela devient un sérieux handicap pour l'accès des Algériens aux soins et aux nouveaux médicaments. Avec notre partenaire, le Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO), nous avons examiné cette situation et nous espérons un assouplissement du processus d'enregistrement», a-t-il déclaré. Outre ces deux difficultés, les conclusions de l'étude en question exposées par Gihan Hamdy, chef de l'unité pharmaco-économique au ministère égyptien de la Santé, révèlent l'existence de risques majeurs pour l'industrie pharmaceutique : «Le pays fait face à de nombreux risques opérationnels, parmi lesquels un système de réglementation lent, l'absence de motivations d'innovation et un système injuste et inéquitable de tarification qui continuera d'entraver le développement de son plein potentiel jusqu'à ce que les déficiences soient entièrement surmontées.» A cela s'ajoutent une absence de stratégie cohérente pour le développement d'une industrie pharmaceutique forte et le manque d'investissement dans la recherche scientifique et le développement. En effet, le livre blanc de Boehringer définit quatre points faibles de la politique algérienne en la matière. Il y a d'abord la dépendance à hauteur de 70% des importations et l'insuffisance de la production nationale. Ensuite, l'étude pointe du doigt «l'absence de transparence dans les procédures d'achat des médicaments». Pour les rédacteurs de l'enquête, les pénuries de médicaments enregistrés en Algérie sont dues au strict contrôle imposé à l'importation. Et la dernière faiblesse concerne, selon le même document, «la protection inadéquate de brevets et l'adoption de mécanismes inefficaces pour leur renforcement». «De plus, l'Algérie ne garantit pas une protection règlementaire des données», lit-on dans ce document. Cinq recommandations pour redresser la barre Afin d'aider le secteur pharmaceutique algérien à surmonter toutes ces contraintes, l'étude suggère cinq recommandations. Les rédacteurs du livre blanc invitent les autorités algériennes à investir dans des industries de recherche et de développement afin de doubler la production et la distribution locales de médicaments génériques et de développer de nouveaux produits. Ils recommandent également plus de partenariats solides avec des compagnies pharmaceutiques afin d'accroître les niveaux d'investissement local et l'encouragement des exportations. De plus, l'étude de Boehringer insiste sur la nécessité de renforcer et de mettre en valeur les capacités des professionnels de santé aux fins d'adopter une stratégie et une vision à long terme qui garantiraient la stabilité des activités industrielles.