Le Club de Paris fête demain son 50e anniversaire à un moment où il voit sa pertinence remise en question par la montée en puissance des pays émergents, désormais à même de rembourser leurs dettes et même parfois de se muer à leur tour en créancier concurrent. Créé presque fortuitement en 1956 lors d'une réunion à Paris de pays créanciers de l'Argentine, le Club de Paris rassemble les grands prêteurs de la planète, de l'Allemagne à la Suisse en passant par les Etats-Unis ou le Japon. Les 19 membres de cette « non-institution » - comme la définit son actuel président le Français Xavier Musca -, qui ne possède ni statuts ni personnalité morale, se retrouvent 10 à 11 fois par an. En cinquante ans, ce sont ainsi quelque 400 accords qui ont été conclus pour un peu plus de 500 milliards de dollars. Ce demi-siècle d'activité n'a pas été sans heurts. Tout comme ses partenaires, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), le Club de Paris a souvent été critiqué pour sa « toute puissance », son « opacité » ou le caractère jugé « politique » de certaines de ses décisions. Problème : les pays riches et les organisations multilatérales, qui se voient ainsi contournées, redoutent une nouvelle spirale. La question de l'utilité du Club ou du FMI « se pose de plus en plus », estime Jérome Sgard, chercheur du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII). Outre la célébration de son cinquantenaire, le Club se penchera cette semaine sur l'annulation de la dette du Cameroun dans le cadre de l'initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) ainsi que sur une nouvelle demande de remboursement anticipé de la Russie. Le CADTM, lui, demande la « suppression pure et simple » du club, « pour parvenir enfin à l'annulation totale de la dette » des pays du Sud.