Le Club de Paris célèbre son demi-siècle d'existence. Créé en 1956, il a rééchelonné plus de 500 milliards de dollars de dettes et prêté de l'argent à plus de 81 pays au monde. Implanté dans les locaux du ministère français de l'Economie, il est composé de 19 pays créanciers les plus riches au monde. Sa mission est de prêter des « sous » aux pays du Sud aux prises avec de grosses difficultés économiques ou en situation de cessation de payement. Les pays africains sont les plus abonnés à ce club. De nombreux accords ont été signés avec le Sénégal, le Maroc, le Togo, la Côte d'Ivoire, le Niger, le RDC ou le Mali... Créé le 16 mai 1956, quelques mois après le coup d'Etat militaire en Argentine, le club entre rapidement en scène. Il propose au nouveau président argentin Juan Domingo Perou de venir en France pour discuter des modalités de prêt d'argent, nécessaire pour l'entrée de son pays au Fonds monétaire international. La réunion s'est déroulée à Paris, sous les auspices du ministre français de l'époque Pierre Pflimlin, en présence des principaux pays créditeurs de Buenos Aires. Une naissance anodine Ainsi donc est né le Club de Paris. Une naissance presque anodine. Une simple initiative informelle qui ne donnera jamais suite à un traité juridique international. Une sorte d'institution non officielle mais que tout le monde reconnaît et avec qui les pays pauvres traitent depuis fort longtemps. En 50 ans d'existence, le club a signé près de 402 accords, représentant un montant de 523 milliards de dollars avec 81 pays. Ces derniers, à un moment ou un autre, étaient contraints de s'adresser à cette structure pour pouvoir continuer à faire fonctionner leurs économies. Le club se réunit dix fois l'an à Paris, en présence de tous ses membres. Le pays, ayant déposé un dossier de surendettement, se voit représenté par son ministre des Finances qui vient plaider la cause du rééchelonnement de la dette. Mais il n'y a pas que cela. Le même ministre doit prouver que son pays fait réellement face à une crise de liquidité grave et a signé un accord avec le FMI qui administre, dans ces cas, une « thérapie de choc » pour éviter de nouvelles banqueroutes. Loin d'être considéré comme un cercle de charité, le Club de Paris court d'abord derrière ses propres intérêts. Il édicte des mesures économiques strictes aux pays contracteurs, au point parfois de se rendre indirectement responsable des explosions sociales et économiques qui ont lieu dans les pays sous-développés. Les ONG internationales ainsi que le Comité pour l'annulation de la dette du tiers-monde (CADTM) l'accusent « d'être nullement une agence de développement, mais une simple structure de recouvrement de fonds ». Avec des intérêts bien entendu. Conçu pour rééchelonner la dette des pays pauvres, le Club de Paris semble désormais confronté à une nouvelle réalité économique. En effet, les pays endettés demandent, de plus en plus, à ce que leurs dettes soient tout simplement effacées dans le cadre de la coopération Nord-Sud. C'est le cas de l'Irak, qui sous la pression des USA, a vu sa dette gommée à hauteur de 95%. Idem aussi pour bon nombre de pays africains considérés comme les plus pauvres de la planète. Le monopole s'effiloche Alors que le Club de Paris célèbre ses 50 ans d'existence à travers un colloque organisé au ministère français des Finances, de nouvelles règles de jeu économiques et internationales commencent à « torpiller » son fonctionnement et ses objectifs. Ainsi, en voulant anticiper le payement de sa dette, l'Algérie a, semble-t-il, inversé les traditionnelles règles du jeu. Idem aussi pour la Chine, le Brésil ou la Russie qui proposent de prêter de l'argent aux pays pauvres. C'est dire que le quasi-monopole du Club de Paris est en train de s'effilocher au profit des pays émergents. Pis que cela, c'est son fondement même qui est remis en cause sur fond de mondialisation. Les pays qui composent le Club de Paris sont la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique, le Royaume-Uni, la France, l'Irlande, l'Espagne, la Suisse, l'Italie, les USA, le Canada, la Suède, la Finlande, le Danemark, l'Allemagne, la Russie, le Japon, l'Autriche et l'Australie.