Le mouvement des archs célébrera, le 14 juin, le 5e anniversaire de son existence et de la naissance de la plateforme d'El Kseur. La commémoration de cette date anniversaire sera célébrée cette année dans un climat politique nouveau avec le changement de gouvernement et l'avènement de Belkhadem qui devra prendre le relais de son prédécesseur Ahmed Ouyahia qui avait piloté une étape du dialogue entre le gouvernement et les archs. Il est un constat aujourd'hui largement partagé : les résultats du dialogue n'ont pas fait beaucoup avancer la recherche de la solution de la crise qui secoue la Kabylie. Cela en dehors des quelques maigres acquis enregistrés par le courant dialoguiste de Belaïd Abrika, lesquels sont loin de contribuer à l'apaisement des esprits dans la région. Toutes les concessions faites par le pouvoir aux revendications des archs telles que le règlement des factures de Sonelgaz, l'indemnisation des victimes des événements de la Kabylie qui connaissent, au demeurant, des difficultés dans leur mise en œuvre sont accessoires, aux yeux du courant radical du mouvement, devant les autres points de la plateforme d'El Kseur qui fondent le combat identitaire et démocratique de ce mouvement. Sur la promotion de la langue tamazight en tant que langue officielle après avoir arraché le statut de langue nationale ainsi que sur le jugement des auteurs et des commanditaires des victimes des événements de la Kabylie, entre autres -deux revendications sur lesquelles l'aile radicale du mouvement n'entend pas tergiverser-, le dialogue est au point mort pour ne pas dire qu'elles ont été tout bonnement évacuées des discussions pour ne pas compromettre l'issue de ce dialogue. Abrika, qui avait présenté les résultats des différents rounds du dialogue engagé avec le gouvernement de Ahmed Ouyahia et avant lui avec celui de Ali Benflis comme des butins de la crise de la Kabylie, a certainement compris aujourd'hui que la crise de la Kabylie est loin de troubler le sommeil des autorités. Evidemment, il est difficile à Abrika d'admettre cette dure réalité ; ce qui reviendrait à reconnaître qu'il a été d'une certaine manière piégé de bonne foi ou instrumentalisé par le pouvoir comme le pensent d'aucuns. Sinon comment expliquer alors le gel du dialogue entre les archs et le gouvernement alors qu'officiellement on avait laissé croire que le courant était bien passé entre les deux parties et annoncé qu'il n'y avait pas de sujets tabous dans les discussions. Les quelques décisions résultant du dialogue gouvernement-archs annoncées avec grand fracas n'ont apporté à la population locale ni la prospérité ni la paix et la sécurité, encore moins la démocratie, ce rêve presque fou que le mouvement citoyen ambitionne de réaliser pour la Kabylie et pour l'Algérie. Le pourrissement Alors que le dialogue était déjà sous scellés depuis plusieurs mois tant et si bien qu'on avait fini presque jusqu'à oublier l'existence de ce dialogue, le nouveau chef du gouvernement, M. Belkhadem, qui jouit déjà de préjugés plutôt défavorables en Kabylie, contrairement à Ouyahia qui est un enfant du « village », a clairement fait comprendre que ce dossier ne figurait pas dans les priorités de son gouvernement centrées sur la révision constitutionnelle et la question des salaires et d'une manière plus générale sur la relance de l'économie et des investissements. D'une certaine manière, pour le gouvernement le dossier de la Kabylie est clos. Avant même qu'il soit réellement ouvert puisque les dossiers sensibles ont été renvoyés aux calendes grecques. Pendant ce temps, la région s'enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. Les derniers résultats catastrophiques des examens de 6e en Kabylie, lesquels figurent au bas du tableau au plan national, illustrent parfaitement la grave situation dans laquelle se débat cette région et cela dans tous les domaines de la vie économique, sociale et culturelle. La Kabylie est devenue depuis ces dernières années un concentré du non-développement avec un chômage endémique, un déficit d'investissement voire plus grave une tendance au désinvestissement du fait de l'insécurité et de l'absence d'un marché attractif et pour couronner le tout une insécurité presque généralisée qui gagne jusque les hameaux les plus reculés de la Kabylie qui découvrent des fléaux : le banditisme et la prostitution qu'ils n'avaient jamais connus auparavant. Le plus dramatique dans tout cela, c'est qu'avec un tel tableau qui aurait pu inspirer un scénario de film catastrophe , on estime au niveau du gouvernement qu'il n'y a pas péril en la demeure et que le dossier de la Kabylie peut attendre et ne nécessite pas une reprise en main rapide et sérieuse pour éviter l'irréparable. Et comme les extrêmes se rencontrent toujours en politique, des voix de plus en plus fortes s'élèvent dans le mouvement citoyen représenté par l'aile antidialoguiste pour s'opposer au retour de la gendarmerie dans la région alors que la Kabylie est devenue la région la moins sécurisée et la destination la moins recommandable du pays. A croire qu'il n'y a pas que le pouvoir qui pousse par sa mauvaise gestion de la crise au pourrissement de la situation en Kabylie et que d'autres forces, pour d'autres motivations, y trouvent également pleinement leur compte !